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Baisse de la natalité : "Cela pourrait remonter avec une place plus grande au télétravail", estime un démographe

Le nombre de nouveau-nés est à son plus bas niveau depuis 1945. Selon Gérard-François Dumont, le travail à la maison donne du "budget temps" au couple en réduisant les trajets et permet aussi d'envisager un logement plus grand.

Article rédigé par franceinfo
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Illustration d'un père tenant son nouveau né, en septembre 2020. (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP)

L'espérance de vie et la natalité baissent en France. Si le pays compte au 1er janvier 2021 67,4 millions d'habitants, soit 82 000 personnes de plus en un an, le solde entre les naissances et les décès a fortement baissé en 2020, notamment en raison de la pandémie de Covid-19, révèle le bilan démographique 2020 publié par l'Insee. En parallèle, le pays a enregistré l'année dernière 740 000 naissances, soit 13 000 bébés de moins qu’en 2019. Invité sur franceinfo mardi 19 janvier, Gérard-François Dumont, professeur à la Sorbonne et président de la revue Population et Avenir estime que la natalité pourrait repartir à condition de revenir "sur les rabotages de ces dernières années sur la politique familiale" et de maintenir le télétravail.

franceinfo : Le nombre de nouveau-nés est à son plus bas niveau depuis 1945 : comment expliquer la chute des naissances ?

Gérard-François Dumont : Nous avons trois causes. D'une part il y a des causes politiques : la politique familiale a été rabotée ces dernières années. Ensuite, des raisons économiques car les Français sont inquiets, avec notamment des risques de chômage. Il y a enfin un troisième élément sociologique : un certain nombre de couples ne se sont pas formés à cause des confinements, en raison de la distanciation sociale, de la fermeture des bars, restaurants et boîtes de nuit. Cela a conduit un certain nombre de jeunes adultes à ne pas pouvoir faire de rencontre, qui pourraient conduire à une mise en couple et éventuellement à des mariages et des naissances. Et puis, pour une minorité qui considère que l'enfant doit arriver après le mariage, les unions retardées voire ajournées à cause de la pandémie ont eu des conséquences sur la natalité.

Est-ce que cela peut avoir une influence sur notre démographie ?

Ce qui compte dans une économie, ce sont les ressources humaines et leur qualité. La France aggrave donc ce que j'appelle "l'hiver démographique", c'est-à-dire que la fécondité ne permet plus le remplacement des générations. Nous ne sommes pas dans la même situation que d'autres pays européens, mais à terme, cela signifie un vieillissement accru de la population voire une baisse de la population, et donc une perte de dynamisme qui peut jouer sur l'économie et les évolutions sociales.

Le taux de natalité pourrait-il remonter avec les bébés conçus pendant les confinements ?

Cela suppose que le gouvernement revienne sur les rabotages de ces dernières années sur la politique familiale. Ensuite, il faut mettre en place une vraie politique d'aménagement du territoire. Et enfin, cela pourrait remonter si on maintient une nouvelle organisation du travail, avec une place plus grande au télétravail, qui donne du "budget temps" au couple. Élever des enfants demande du temps : le télétravail ne rend pas nécessairement obligatoire d'avoir un logement près du lieu de travail et donc cela offre plus de liberté pour avoir un logement plus grand, éventuellement plus éloigné.

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