: Reportage "Je suis écœurée, déçue, triste et en colère" : au siège historique de Casino à Saint-Etienne, les salariés sont résignés
"Je suis écœurée, déçue, triste et en colère", s'émeut mardi 19 décembre, au micro de franceinfo Estelle Silbermann, représentante CFDT et salariée de Casino à la direction des approvisionnements au siège social, après l'annonce du rachat de plus de 300 hypermarchés et supermarchés Casino par le groupe Intermarché allié à Auchan. La secrétaire générale CFDT commerce et services dans la Loire fait part de son "écœurement" et dénonce un "gâchis".
Estelle Silbermann craint pour ses "collègues de magasins qui vont être basculés chez un autre distributeur, ou pas", et pour ceux au siège social à Saint-Étienne. Elle rappelle que le distributeur représente "des familles entières dans un bassin stéphanois déjà sinistré". "J'ai une pensée aussi pour mes collègues de logistique qui ne savent pas ce qu'ils vont devenir parce qu'on ne parle pas d'eux", ajoute la syndicaliste.
Estelle Silbermann ne sait pas à quoi à s'attendre de la réunion prévue ce mardi entre l'intersyndicale et les représentants des repreneurs du groupe. La représentante CFDT estime que "tout est joué" et réclame ainsi "des informations plus précises", dénonçant un "flou". "Ce que j'attends personnellement [de cette réunion] c'est de l'honnêteté pour qu'on puisse se préparer au mieux et accompagner les salariés dignement dans ce qui va se passer pour la suite", lance-t-elle.
Au siège historique de Casino à Saint-Etienne, les salariés sont résignés
Une nouvelle réunion doit se tenir à partir de 15h30 entre la direction de Casino, les futurs actionnaires du groupe et l’intersyndicale, au siège historique du groupe à Saint-Etienne. Sur place, les salariés sont, pour l'instant, partagés entre l'inquiétude et la résignation. Beaucoup de visages fermés se succèdent. Sans ces 300 magasins, que faire du siège de Saint-Etienne et de ses quelque 1 800 salariés ? Un peu plus d’une centaine de postes seulement pourraient être maintenus, selon plusieurs sources. Même inquiétude pour les salariés d’Easydis, qui travaillent dans les 12 entrepôts logistiques de Casino - environ 2 000 personnes qui ne sont pas mentionnées dans le communiqué publié lundi.
Une salariée qui travaille depuis 19 ans au sein du groupe se dit dépitée. Plus loin, Delphine, six ans de carrière chez Casino a les larmes aux yeux : "Je suis dans l'attente. On voyait les choses arriver depuis longtemps et voilà... On était bien, c'était un bon groupe. Ça fait quelque chose quand même." Sentiment d’impuissance partagé par Stéphane qui travaille également depuis 6 ans chez Casino : "On subit et c'est triste pour tous les gens qui travaillent ici. C'est triste pour la ville parce qu'il n'y a pas que les salariés qui vont être impactés. C'est comme ça. C'est la résignation."
"De toute façon qu'est-ce qu'on peut faire ? On attend les décisions qui seront prises, on n'est plus décisionnaires de rien du tout. De toute façon, on ne l'a jamais été et on ne le sera pas maintenant."
Stéphane, un salarié de Casinoà franceinfo
Mardi après-midi, l’intersyndicale va demander la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi pour tous les postes qui ne pourront pas être maintenus. Elle réclame aussi des garanties sociales pour les 12 000 salariés de ces hypers et supermarchés, qui vont être vendus à la concurrence de Casino.
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