Six questions qui se posent après le vote de la fin du changement d'heure par le Parlement européen
Le Parlement européen a voté le 26 mars en faveur de la suppression du changement d'heure. Une décision qui aura des conséquences directes pour l'ensemble des habitants de l'Union européenne.
Dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 mars, nous avancerons notre montre d'une heure, comme chaque dernier dimanche de mars. Mais cette habitude disparaîtra bientôt de nos vies. Les députés européens ont en effet voté, mardi 26 mars, en faveur de la suppression du changement d'heure saisonnier, qui intervient normalement au printemps et à l'automne.
En adoptant ce projet législatif à 410 voix pour, 192 contre et 51 abstentions, les eurodéputés ont donc soutenu la proposition de directive de la Commission européenne met fin au système d'heures d'hiver et d'été. Quelles seront les conséquences de cette décision ? Franceinfo se penche sur le sujet en six questions.
1Quand aura lieu la suppression du changement d'heure ?
Dans sa proposition de directive présentée en septembre 2018, la Commission avait suggéré une mise en œuvre dès le printemps 2019. Mais les eurodéputés ont voulu accorder un délai de deux ans aux Etats pour leur permettre de s'organiser.
Pour les pays qui voudront rester à l'heure d'été, le dernier changement d'heure est donc prévu le dernier dimanche de mars 2021. Ceux qui préféreront garder l’heure d’hiver pourront effectuer un dernier changement d’heure le dernier dimanche d’octobre 2021.
2Cette suppression est-elle définitive ?
Le texte adopté doit encore faire l'objet de négociations entre le Parlement et le Conseil de l'UE, qui représente les Etats membres, rappelle le Parlement dans un communiqué, mardi 26 mars. Les députés européens ont en effet souhaité "que les pays de l'UE et la Commission se coordonnent pour garantir que l'application de l'heure d'été dans certains pays et de l'heure d'hiver dans d'autres ne perturbe pas le fonctionnement du marché intérieur".
Par ailleurs, ce vote "n'enterre pas définitivement le changement d'heure", souligne Le Monde. En effet, même si le sujet suscite un vif intérêt en Europe – où 4,6 millions de citoyens ont répondu à la consultation sur le sujet (en anglais) mise en place l'été dernier par la Commission –, tous les gouvernements des Etats de l'UE "ne partagent pas l'enthousiasme de leurs opinions publiques".
Comme le rappelle le quotidien, si la Finlande, l'Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Belgique et l'Allemagne se sont prononcées en faveur de la suppression du changement d'heure, le Portugal ou la Grèce s'y opposent. La France, de son côté, n'a pas encore tranché.
3Si cette suppression devient définitive, toute l'Europe sera à la même heure ?
Le Parlement européen laisse le choix aux membres de l'UE de décider de leur fuseau horaire. Ils pourront choisir de rester de façon permanente à l'heure d'été ou à celle d'hiver. Une fois que tous les pays européens se seront mis d'accord pour ne plus changer d'heure, chaque Etat aura jusqu'au mois d'avril 2020 pour décider s'il souhaite conserver définitivement l'heure d'hiver ou l'heure d'été.
Cependant, cette réforme suscite déjà des débats en raison des complications qu'elle pourrait engendrer. Prenons l'exemple de la France et l'Allemagne. Aujourd'hui, les deux pays sont alignés sur le même fuseau horaire. Si l'Allemagne choisit de rester à l'heure d'hiver et que la France décide de passer définitivement à l'heure d'été, il sera 20 heures en France alors que chez sa voisine, pourtant située à l'est, il ne sera que 19 heures.
"On ne peut pas se permettre d'avoir un patchwork d'heures différentes dans l'Union européenne, en conséquence nous attendons des Etats membres qu'ils coordonnent leurs décisions", a insisté l'eurodéputée suédoise Marita Ulvskog (Socialistes et démocrates), rapporteure du texte.
Pour rappel, il existe aujourd'hui trois fuseaux horaires en Europe. La majorité des pays européens sont alignés sur le même fuseau, l'heure de l'Europe centrale (UTC+1). L'Irlande, le Royaume-Uni et le Portugal sont calés sur celle d'Europe occidentale, qui est d'une heure en moins (UTC+0). Tandis que les pays baltes, la Finlande, la Roumanie, la Bulgarie, la Grèce et Chypre sont alignés sur celle d'Europe orientale, d'une heure de plus (UTC+2).
4Et en France, ce sera l'heure d'été ou l'heure d'hiver ?
Le gouvernement n'a pas encore tranché sur le sujet. Mais, dans la consultation en ligne mise en place par la commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale, les Français avaient jusqu'au 3 mars 2019 avant minuit pour donner leur avis. Ils ont été 84% sur plus de deux millions de participants à se prononcer "pour mettre fin au changement d'heure deux fois par an", dont 59% pour l'heure d'été et 37% en faveur de l'heure d'hiver, les autres n'ayant pas d'opinion.
5L'heure d'été, est-ce vraiment mieux ?
Interrogé par 20 Minutes, le docteur Claude Gronfier, neurobiologiste, directeur de recherche à l'Inserm Lyon et vice-président de la Société française de chronobiologie, estime qu'"un passage définitif à l'heure d'été [en Europe] serait néfaste pour notre santé". Il souligne que cela entraînerait un décalage de la totalité des pays "par rapport à l'heure solaire".
Pour ce neurobiologiste, les participants à la consultation de l'Assemblée nationale auraient interprété cette question comme "préférez-vous l'hiver ou l'été ?". "Les gens ont oublié que la photopériode naturelle fait que, de toute façon, le soleil se couchera cinq heures plus tôt l'hiver et cinq heures plus tard l'été", conclut-il.
6Pourtant, le changement d'heure, c'est bon pour la planète, non ?
Initialement, comme le rappelle (en anglais) la Commission européenne, les pays européens ont introduit le changement d'heure au XXe siècle, "en particulier en temps de guerre ou à la suite des chocs pétroliers des années 1970", afin de permettre des économies d'énergie. En 1980, l'UE a unifié les dispositions relatives à l'heure d'été "afin d'assurer une approche harmonisée des changements d'heure au sein du marché unique", rappelle le Parlement.
Cependant, souligne la Commission, les études "montrent que l'effet global des économies d'énergie liées à l'heure d'été est marginal". En France, par exemple, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a estimé que "les économies d'énergie dans le domaine de l'éclairage étaient d'environ 0,1% de la consommation annuelle d'électricité".
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