"Manuel Valls est un crétin" : passe d'armes entre Michel Onfray et le Premier ministre
Le philosophe reproche au Premier ministre d'avoir déformé ses propos tenus dans une interview fin février. Retour sur la polémique.
Michel Onfray et Manuel Valls se déchirent par médias interposés. Le philosophe et le Premier ministre, qui se réclament de la gauche mais ne partagent pas la même vision de ce terme, se sont livrés à une passe d'armes dimanche 8 et lundi 9 mars. Au cœur des débats, une interview de Michel Onfray dans laquelle il dit préférer "une analyse juste" de droite "qu'une analyse injuste" de gauche. Retour sur cette polémique en trois actes.
Acte 1 : Onfray sème le trouble dans "Le Point"
"Les Papous vont hurler !" Michel Onfray est conscient de s'aventurer en terrain miné, dans une interview au Point daté du 25 février. "Je préfère une analyse juste d'Alain de Benoist à une analyse injuste de Minc, Attali ou BHL", dit-il. Alain de Benoist, essayiste et journaliste, est un ancien militant d'extrême droite. Figure de la Nouvelle Droite, il assure toutefois "n'avoir jamais voté pour le Front national", rappelle Le Monde.fr.
Dans son interview au Point, Michel Onfray tape à bras raccourcis sur une partie de la gauche, incarnée notamment par Manuel Valls. Le fondateur de l'Université populaire de Caen, qui se réclame de la gauche de 1981 contre celle du "tournant de la rigueur" de 1983, reproche aux socialistes d'avoir abandonné leurs idéaux sur de nombreuses thématiques, comme l'école, l'emploi ou les inégalités femmes-hommes.
Acte 2 : Manuel Valls lui reproche de "perdre les repères"
Manuel Valls répond à ces accusations lors d'un entretien à Europe 1/i-Télé/Le Monde. Le Premier ministre accuse Michel Onfray de "perdre les repères" et de préférer l'intellectuel de la Nouvelle Droite à Bernard-Henri Lévy.
"Quand un philosophe connu, apprécié par beaucoup de Français, Michel Onfray, explique qu'Alain de Benoist, qui était le philosophe de la Nouvelle Droite dans les années 70 et 80, qui d'une certaine manière a façonné la matrice idéologique du Front national, avec le Club de l'Horloge, le Grece, (...) au fond vaut mieux que Bernard-Henri Lévy, ça veut dire qu'on perd les repères", dénonce le Premier ministre. "Dans ce moment-là, mon rôle, le rôle des formations politiques, c'est de faire en sorte qu'on comprenne quels sont les enjeux", a-t-il confié.
Acte 3 : Onfray qualifie le Premier ministre de "crétin"
Le philosophe n'apprécie pas l'interprétation que donne Manuel Valls de son interview au Point. "Manuel Valls, l'ami de BHL, perd les pédales ! réagit le philosophe dimanche après-midi, dans un communiqué. S'il faut une explication de texte à Manuel Valls (...) je disais que, moi qui suis de gauche, je préférais une idée juste, fût-elle de droite, à une idée fausse même si elle est de gauche, surtout si elle est de gauche. Quel philosophe, quel citoyen même, pourrait soutenir le contraire d'ailleurs, sauf à préférer l'erreur et le faux pour des raisons idéologiques ?" se défend-il, accompagnant cette explication d'un tweet incendiaire.
Le Guen /JDD, Valls /Europe 1 prétendent que j'aurais dit "mieux vaut de Benoist que BHL" : quels crétins ! Voir : http://t.co/5c7YesX8xv
— Michel ONFRAY (@michelonfray) March 8, 2015
Invité d'Europe 1 lundi matin, il confirme l'emploi du mot "crétin" pour qualifier le Premier ministre. "J'ai vérifié dans le dictionnaire, ça s'appelle un crétin. Ce n'est pas insultant, c'est familier."
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