Le château des Milandes, petit paradis de Joséphine Baker : "C'est toute sa vie"
Joséphine Baker va entrer au Panthéon mardi. Chanteuse, danseuse, actrice, l'artiste a passé une partie de sa vie en Dordogne au château des Milandes où elle a accueilli ses 12 enfants adoptés, tout en œuvrant pour la résistance durant la Seconde Guerre mondiale.
Les Milandes, c'est un lieu à part, emblématique pour Joséphine Baker. Un château composé de 24 pièces en surplomb de la Dordogne, flanqué de deux tours, un donjon et une salle de bain extravagante. "Elle veut de l'or sur certains carreaux, sur la robinetterie, indique Angélique de Labarre, la propriétaire du château. "On voit le côté excentrique de l'artiste, le côté fastueux. Elle aimait les très belles choses." Mardi 30 novembre, Joséphine Baker sera la sixième femme à entrer au Panthéon. L'artiste, décédée en 1975, a passé entre 1938 et 1969 une grande partie de sa vie en Dordogne, dans ce château situé à Castelnaud-la-Chapelle, à une vingtaine de kilomètres de Sarlat. Georgette Malaury, 87 ans, trois quarts comme elle dit, se souvient de cette voisine qui a modernisé le village et bouleversé la vie des habitants. "Elle a fait installer l'eau courante jusque sur l'évier dans chaque maison."
"Elle a aidé les habitants qui n'avaient pas l'électricité, à l'obtenir."
Georgette Malauryà franceinfo
Aux Milandes Joséphine Baker accueille ses 12 enfants adoptés dans le monde entier. L'artiste surnomme la fratrie : la tribu arc-en-ciel. "Elle disait: 'Regardez toutes les couleurs, toutes les religions, toutes les nationalités'", reprend Angélique de Labarre. "Ils s'entendent. C'est une vraie famille." Pour les enfants, les siens et ceux des visiteurs Joséphine Baker crée aussi un parc d'attractions en contrebas du domaine. "Il y avait la piscine avec la guinguette. Elle avait mis des pédalos, les volières", liste Georgette Malaury. "Il y a eu des courses de lévriers. C'était le lieu de sortie. Les gens venaient de loin."
Georges Pasquet est resté pendant 6 ans le majordome de Joséphine Baker. À 83 ans aujourd'hui, il se souvient de la vie aux Milandes, aux côtés d'une Joséphine Baker parfois fantasque. "Le soir, elle répétait ses chansons et nous on était dans la cuisine, pour voir si c'était bien ce qu'elle chantait ,se souvient le majordome. Elle nous a amené une fois à l'Olympia, avec le chauffeur (...), les deux aînés et deux femmes de ménage. On est revenu vers 5 heures ou 6 heures du matin et une demi-heure après, elle m'a appelé, elle m'a dit 'Georges, j'ai besoin de vous' alors qu'on venait juste de rentrer de Paris. Elle voulait du monde à côté d'elle, elle aimait ça".
Un rôle actif dans la résistance
Mais dans son château, Joséphine Baker n'oublie pas son combat contre les nazis. Dans le dédale de pièces, la cave, les tours abritent des secrets. "On n'imagine pas un instant que la grande star internationale Joséphine Baker, qui paraît être une fille frivole et légère, puisse cacher des armes et être dans la résistance", insiste Angélique de Labarre. "Personne ne se doute de son action dans la résistance."
Akio, 69 ans aujourd'hui, est le fils aîné de Joséphine Baker, l'aîné de la fameuse tribu arc-en-ciel. Pour lui, c'est en Dordogne que sa mère a vécu ses plus belles années. "Les Milandes, c'est toute sa vie, explique-t-il. "C'était son rêve, notre madeleine de Proust. La vie est belle". La vie est belle jusqu'en 1969 où, abusée par les créanciers et sans doute trop généreuse, Joséphine Baker se retrouve ruinée. Le rêve prend fin. Le domaine est vendu, transformé aujourd'hui en lieu de mémoire. Dans le Périgord, les gens l'appellent le mini panthéon de Joséphine Baker.
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