Dieudonné : les hésitations des maires
L'humoriste controversé doit entamer jeudi une série de 27 représentations. Francetv info fait le point sur les positions des maires sur l'interdiction du spectacle.
Nantes, Châlons-en-Champagne, Douai, Amiens... En théorie, la tournée de Dieudonné, qui doit débuter jeudi 9 janvier, compte plus d'une vingtaine de dates à travers toute la France.
En théorie seulement car, pour assurer les représentations du Mur, l'humoriste controversé va devoir composer avec la circulaire de Manuel Valls. Adressé à tous les préfets, le texte leur rappelle qu'ils peuvent, ainsi que les maires, interdire le spectacle en cas de "risque de trouble à l'ordre public".
Reste que tous les élus ne sont pas favorables à une telle démarche. Francetv info récapitule les positions des maires des communes concernées.
Ceux qui interdisent
Premier à dégainer après l'envoi de la circulaire : Alain Juppé. Appuyé par le préfet de Gironde, le maire de Bordeaux a annoncé lundi qu'il allait interdire le spectacle de Dieudonné prévu le 26 janvier dans sa ville. Le maire de Tours doit prendre lui aussi un arrêté mardi. L'humoriste a prévenu, par la voix de son avocat : il contestera en justice toute décision de ce type.
A Nantes, première date de la tournée, le préfet a tranché en signant mardi l'arrêté d'interdiction, soit deux jours avant le spectacle. Le maire, Patrick Rimbert s'en était remis au préfet pour que le "prétendu humoriste" ne puisse pas "proférer les pires horreurs" dans sa ville. Les opposants à Dieudonné appellent à manifester mercredi à Nantes.
De nombreux autres élus ont adopté une stratégie identique, avec souvent la même justification : les "propos inacceptables" de l'artiste. A Metz par exemple, la Ville évoque "le cortège de déclarations racistes et négationnistes" de l'humoriste ; à Avignon, Marie-Josée Roig dénonce son "antisémitisme" ; à Limoges, Alain Rodet invoque "un devoir moral" pour le bannir.
Les maires de Marseille et Orléans ont également déjà sollicité le préfet, ou doivent le faire, pour réclamer l'annulation de la représentation dans leur ville. A Nice, Caen et Montbéliard, les salles ont déjà déprogrammé le spectacle, note Arrêt sur images.
Ceux qui ne veulent rien faire
A l'inverse, certains élus ont fait le choix de ne pas s'opposer à la venue de Dieudonné. Le maire de Brest, François Cuillandre, refuse de demander l'annulation : "Plus on parle de lui, plus on lui fait de la pub", se justifie-t-il au Télégramme.
Le maire de Châlons-en-Champagne partage cet avis : "Une interdiction de ce type, c'est de la pub pour ce sinistre personnage", explique Bruno Bourg-Broc à France 3 Champagne-Ardenne.
Pas de telle préoccupation pour Jacques Vernier. S'il a choisi de ne pas agir non plus, le maire de Douai évoque plutôt ses doutes quant à la procédure. "Je n'ai pas le droit, au sens littéral du terme, de prendre un tel arrêté, affirme l'élu à La Voix du Nord. La justice me donnera tort et je serai débouté." A moins, prévient-il, que la jurisprudence n'évolue d'ici le spectacle.
Ceux qui sont indécis
Dans plusieurs villes, le sort de Dieudonné n'a pas encore été tranché. A Toulouse, le maire, Pierre Cohen, a bien saisi le préfet, mais pas lui pour demander explicitement l'interdiction du spectacle. Seulement pour appeler les services de l'Etat à la plus grande "vigilance", rapporte France 3 Midi-Pyrénées.
Le maire de Mâcon ne se prononce pas non plus sur l'annulation de la représentation, prévue en avril dans sa commune. "Je vais déjà attendre de voir ce qui va arriver dans les premiers spectacles", explique Jean-Patrick Courtois à francetv info. Soit les premiers arrêtés d'interdiction sont validés par les tribunaux administratifs, "auquel cas j'interdirai moi aussi sans problème", affirme-t-il. Idem si Dieudonné dérape. Soit les arrêtés sont invalidés, ou les représentations se déroulent dans le calme, et le maire sera "coincé".
Ceux qui inventent des excuses
La solution est plus inattendue. Plutôt que de se hasarder à attendre un arrêté qui pourrait être invalidé par la justice, le maire de Biarritz a mis en avant l'impossibilité d'accueillir le spectacle pour cause de "travaux programmés en urgence".
La Ville a prévu de faire remplacer "le plancher de la scène [de la salle qui devait accueillir la représentation], qui constitue une menace pour les spectacles de danse". Didier Borotra assure qu'il aurait été, quoi qu'il arrive, "opposé à cette représentation".
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