"Je suis pour qu'ils soient jugés comme des terroristes" : à Marseille, des familles de victimes attendent des mesures concrètes contre les narcotrafiquants
"Un combat national", un "électrochoc" contre le narcotrafic. Les mots du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et du garde des Sceaux Didier Migaud, réunis vendredi 8 novembre à Marseille pour annoncer ensemble une série de mesures contre le trafic de drogue : renforcement des moyens policiers et judiciaires, création d’un parquet spécialisé anticriminalité.
Les ministres veulent s’attaquer à une menace "tentaculaire" qu’ils comparent à la menace terroriste. Et ils se sont dits bouleversés par les échanges qu’ils ont eus le matin avec des familles de victimes du narcotrafic à Marseille, des familles qui espèrent de l’action, au-delà des promesses.
Après avoir échangé longuement avec les deux ministres, les familles des victimes du narcotrafic, saluent certaines mesures annoncées. Laetitia Linon a perdu son neveu, Rayanne, 14 ans, tué par une rafale de kalachnikov, et approuve le fait que les narcotrafiquants soient jugés à l’avenir comme les terroristes, par des cours d’assises spécialement composées. "Je suis pour qu'ils soient jugés comme des terroristes parce qu’ils terrorisent des milliers de personnes quand ils viennent tirer dans les quartiers, lance-t-elle. Avec des peines exemplaires et un jury spécial, qui ne serait pas menacé ou corrompu comme on a pu le voir dans certaines affaires."
Des violences banalisées dès le plus jeune âge
De son côté, Karima Meziene, dont le frère a été tué par balles, explique qu’il était tant que le gouvernement français s’inspire de ce que fait l’Italie pour lutter contre les mafias. "Il y a le statut du repenti qu'ils veulent mettre en place. Je trouve que c'est une bonne chose pour permettre l'avancée de nos dossiers et leur élucidation, estime-t-elle. Il y a aussi le parquet spécialisé, c'est une bonne chose s'ils y mettent les moyens qui vont avec."
Face aux ministres, les familles de victimes ont rappelé dans les quartiers, les violences du narcotrafic ont tendance à être banalisées dès le plus jeune âge. "On a évoqué le traumatisme collectif de ces gamins qui, à l'âge de 4 ou 5 ans, ont assisté à des assassinats depuis leur fenêtre ou dans leur quartier, raconte Karima Meziene. On a rappelé qu'il n'était pas normal dans notre société qu'à 14 ans on devienne un assassin. Le répressif, c'est bien mais il ne faut pas oublier l'aspect prévention."
Pas d'annonces sur des mesures sociales
"Avant d'en arriver à un assassinat, il y a des choses qui peuvent être faites en amont pour que ces jeunes ne tombent pas là-dedans, explique Laetitia Linon, porte-parole du collectif des familles à Marseille. Quand vous avez des quartiers totalement enclavés où les minots n'ont même pas de quoi prendre un ticket de bus, il faudrait peut-être réinsérer des structures à l'intérieur des quartiers pour éviter que ces jeunes ne soient en perdition et ne fassent tout et n'importe quoi. Et on sait que le n'importe quoi dans les quartiers, c'est le trafic de drogue."
Il n’y a pas eu d’annonces sur d’éventuelles mesures sociales dans les quartiers, mais le ministre de la Justice a affirmé qu’une campagne de communication serait lancée pour montrer les liens entre la consommation de drogue et les violences des trafiquants.
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