La cocaïne dans le sport, une pratique plus courante qu'on ne le pense
L'arrestation des rugbymen Ali Williams et James O'Connor dans la nuit de vendredi à samedi pour détention de cocaïne lève le voile sur une pratique dont on parle peu : la consommation de drogues dures chez les sportifs.
Voilà des années que Christian Bagate alerte sur l'usage des drogues dures chez les sportifs. Ce médecin, chargé jusqu'en décembre 2016 de la lutte contre le dopage à la fédération française de rugby (FFR), s'est notamment mobilisé contre ce qu'il appelle le "dopage du lundi-mardi-mercredi", un usage qui consiste à prendre de la cocaïne et d'autres produits pendant deux ou trois jours d'affilée. Méconnues, souvent passées sous silence, ces pratiques font à nouveau parler d'elles depuis l'arrestation des rugbymen Ali Williams (Racing 92) et James O'Connor (RC Toulon), dans la nuit du vendredi 24 février au samedi 25 février à Paris, pour détention de cocaïne.
Mieux supporter les entraînements intenses
Consommer des drogues dures pendant des soirées privées ou pour se doper : "certains appelaient aussi cela le 'pot belge'", explique Christian Bagate. "C'est un cocktail dans lequel il y a de la cocaïne, des corticoïdes... voire d'autres choses", détaille l'ancien médecin.
En termes de performance, oui : la cocaïne est un dopant
Christian Bagateà franceinfo
La pratique s'est révélée particulièrement en vogue dans le cyclisme. Mais elle concerne d'autres sports. Le nageur Amaury Leveaux racontait ainsi dans son livre Sexe, drogue et natation paru en avril 2015 l'usage répandu de la cocaïne chez ses coéquipiers de l'équipe de France. Dans les années 1970, on estime que 40% des basketteurs américains utilisaient cette drogue dure.
La cocaïne a l'avantage de permettre de mieux supporter la douleur et les entraînements intenses. "Quand vous avez mal, il peut vous arriver de prendre des produits codéinés contre la douleur. Là c'est la même chose, c'est un dérivé. Sauf que la puissance est plus grande et que la cocaïne a une propriété stimulante, et non inhibitrice", explique Christian Bagate.
Inscrite depuis longtemps sur la liste des produits interdits, la cocaïne est difficile à détecter en dehors des compétitions sportives. Les traces dans les urines disparaissent au bout de trois jours.
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