Droit d'asile : les agents de l'Ofpra appelés à la grève pour dénoncer la "politique du chiffre"
C'est une première depuis cinq ans. Les organisations syndicales de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) ont appelé leurs agents à une journée de grève, jeudi 26 octobre, pour dénoncer la "politique du chiffre" au sein de cet organe chargé d'attribuer le statut de réfugié. Les agents sont invités à débrayer pour dénoncer leurs conditions de travail. Cette mobilisation est organisée à quelques jours de l'examen parlementaire du projet de loi sur l'immigration porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, auquel l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) est rattaché.
"L'obsession des gouvernements successifs pour le raccourcissement des délais d'instruction des demandes d'asile", érigé parmi les priorités de la politique migratoire dans le projet de réforme, "met sous pression les agents" de l'Ofpra, ont déploré dans un communiqué les syndicats majoritaires CGT Ofpra et ASYL (Action syndicale Libre/Ofpra), qui ont déposé un préavis de grève le 20 octobre.
Les syndicats dénoncent "un rythme infernal"
Les quelque 500 officiers de protection, qui font passer les entretiens aux demandeurs d'asile, "sont ainsi soumis à un rythme infernal, alors même qu'ils doivent se conformer à des procédures de plus en plus complexes et s'improviser enquêteurs afin de détecter des personnes susceptibles de représenter une menace pour l'ordre public", autre priorité du gouvernement, ont encore dénoncé les syndicats. Ces derniers ont appelé à un rassemblement devant le siège de l'office à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne).
Principale revendication : une baisse de 25% de l'objectif assigné aux agents, qui s'élève actuellement à 360 décisions par an, explique à l'AFP Henry de Bonnaventure, un responsable d'ASYL, dénonçant une "politique du chiffre". Anouk Lerais, de la CGT Ofpra, estime qu'il est "difficile de prendre en compte les besoins de protection", en raison de la "double injonction du chiffre et de la prise en compte des troubles à l'ordre public".
"Les préoccupations que traduit ce mouvement social (...) sont légitimes, mais elles n'appellent pas nécessairement les réponses que réclament les organisations syndicales", a répondu auprès de l'AFP le directeur général de l'Ofpra, Julien Boucher. Son office a rendu l'an dernier 134 500 décisions, dans un délai moyen de quatre mois, ce qui est le plus bas depuis quinze ans. "Plus de 200 emplois supplémentaires ont été créés à l'Office depuis 2019", a insisté le patron de l'Ofpra, qui assure vouloir répondre par la "discussion" au "signal fort" de cette grève. La dernière avait eu lieu en février 2018, le jour de la présentation en Conseil des ministres de la loi asile-immigration de Gérard Collomb.
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