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Forum Génération Égalité : "Chaque État, chaque ONG, chaque organisation, doit prendre un engagement législatif ou financier", souligne Delphine O

Certains États ont boycotté le forum comme la Pologne mais son ambassadrice, Delphine O se dit "très fière" d'avoir persuadé des pays d'Afrique et d'Amérique du Sud, qui ne sont pas "connus comme des champions de l'égalité", à participer.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Delphine O, ambassadrice et coprésidente du Forum Génération Égalité. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Chaque État, chaque ONG et chaque organisation devront "prendre un engagement" pour l’égalité femmes-hommes, souligne mercredi 30 juin sur franceinfo, Delphine O, ambassadrice et coprésidente du Forum Génération Égalité qui s’ouvre à Paris. Il s’agit d’une rencontre internationale qui va durer trois jours au Carrousel du Louvre à Paris, organisée sous l’égide de l’ONU. La chancelière allemande Angela Merkel, la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris ou encore le Premier ministre canadien, Justin Trudeau seront présents, mais pas uniquement. Des activistes et des militantes sont également invitées. "Plus de 40 000 personnes aujourd'hui sont déjà enregistrées pour regarder cette cérémonie d'ouverture et les trois jours du Forum".

La France notamment va "faire des annonces financières très importantes pour soutenir et financer l'égalité femmes hommes dans le monde", poursuit Delphine O. Et "chaque citoyen de chaque État pourra vérifier quels sont les engagements pris par son gouvernement".

franceinfo : Le dernier sommet de ce genre remonte à 1995, il y a 26 ans, pourquoi cela a-t-il été si long ?

Delphine O : Probablement parce qu’on a vu monter depuis 25 ans, des gouvernements conservateurs qui ont monopolisé les discours et bloqué toutes les négociations pour faire avancer le droits des femmes. Et si nous refaisions une grande conférence comme à Pékin, en 1995, aujourd’hui on n’arriverait même pas à adopter les mêmes textes et les mêmes avancées pour les droits des femmes. Donc là, on a choisi de faire les choses un peu différemment. Certes, vous verrez des chefs d’État mais nous aurons surtout des activistes et militantes de la cause féministe un peu partout dans le monde soit en virtuel, soit en présentiel mais aussi des entreprises. Et on a mis un ticket d’entrée pour participer à ce forum pour éviter de se gargariser de beaux discours. Chaque État, chaque ONG, chaque organisation, doit prendre un engagement, législatif ou financier, par exemple, pour un gouvernement, faire passer une nouvelle loi pour lutter contre les violences ou les mutilations génitales. La France et d'autres pays du Nord, notamment cet après-midi sous l'égide du président de la République, vont faire des annonces financières très importantes pour soutenir et financer l'égalité femmes hommes dans le monde.

Et vous vérifierez que les promesses sont tenues ?

Absolument, avec l'aide de l'ONU, puisque cette conférence est sous l'égide de ONU Femmes. Elle est coprésidée par deux pays, la France et le Mexique. On est vraiment ravis de pouvoir l'accueillir et en plus de pouvoir l'accueillir en présentiel et tout sera basée sur la transparence. C'est-à-dire que tous ces engagements qui vont être annoncés par plus de 90 États seront publics et donc chaque citoyen de chaque État pourra vérifier quels sont les engagements pris par son gouvernement.

Prenons l'exemple du droit à l’IVG, un droit qui fâche. C'est le cas en Pologne, notamment. Certains n’ont donc pas fait le déplacement à Paris ?

Tout à fait, je suis ravie que vous en parliez puisque nous n'aurons pas le président polonais, mais nous aurons aux côtés du président de la République, une femme militante qui a lancé les manifestations monstres que vous avez pu voir en Pologne pour défendre le droit à l'avortement.

"Lorsque nous n'avons pas les gouvernants, puisqu'ils ne sont pas du même côté que nous pour défendre l'égalité femmes-hommes, nous avons les activistes, les militantes."

Delphine O, ambassadrice et coprésidente du Forum Génération Égalité

à franceinfo

Nous leur donnons une plateforme, une visibilité dans cette grande conférence mondiale. Plus de 40 000 personnes aujourd'hui sont déjà enregistrées pour regarder cette cérémonie d'ouverture et les trois jours du Forum.

Il y en a une soixantaine qui seront représentés. Quels sont les arguments donnés par les pays qui n'ont pas fait le déplacement ? Cette question des femmes n'est pas importante ou alors ils n'ont pas de comptes à rendre ?

Un peu des deux. Pour certains, elle n'est effectivement pas prioritaire politiquement, financièrement, économiquement et socialement. Certains sont ouvertement anti-droits des femmes et poussent pour une régression vers des valeurs patriarcales : le retour de la femme au foyer, le droit des femmes à ne pas disposer de leur corps. Mais ce dont on est très fier, c'est qu'on a justement réussi à avoir avec nous des pays qui ne sont pas connus comme des champions de l'égalité. Nécessairement, je pense à certains pays, notamment en Afrique, le Burkina Faso, qui va faire des annonces très importantes sur l'accès à la contraception des femmes burkinabés. Le Kenya, qui va faire des annonces importantes sur la lutte contre les mutilations génitales, les violences, le Chili, l'Uruguay, le Mexique. Évidemment, nous aurons aussi les pays nordiques, la Suède, la Finlande, le Canada qu'on connaît bien comme étant des champions de l'égalité. Nous avons aussi beaucoup de pays qui ont décidé de passer le pas, de faire un geste politique et économique à l'occasion du Forum Génération Égalité en prenant des engagements sérieux et ambitieux.

En France, par exemple, une seule femme a été nommée à Matignon. C'était Édith Cresson, il y a plus de 30 ans. Elle disait récemment sur franceinfo que le pays aujourd'hui est prêt à avoir une nouvelle femme Premier ministre, mais pas la classe politique. A-t-elle raison ?

Je pense que la classe politique est prête. On voit que depuis plusieurs années, les gouvernements sont paritaires. On a vu une entrée massive de femmes au Parlement. Effectivement, je souhaite, à titre personnel que nous puissions avoir un jour une femme présidente de la République, mais ce sont les électeurs qui en décideront. Mais je pense qu'on a fait quand même énormément de progrès, justement dans le vivier de la classe politique en élisant 40 % de parlementaires. Vous êtes désormais habitués, les téléspectateurs à voir des femmes en politique, des femmes plus jeunes, avec plus de diversité, etc.

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