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Sexisme en entreprise, télé-réalité et manque de parité en politique... Le Haut conseil à l'égalité émet 32 recommandations

Dans son rapport annuel, le HCE a formulé des propositions pour améliorer la place des femmes dans la société. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Les inégalités entre les hommes et les femmes perdurent.  (DYLAN MEIFFRET / MAXPPP)

Il y a encore beaucoup de travail pour faire reculer le sexisme dans le monde de l'entreprise, dans celui des médias et dans le milieu politique selon un rapport du Haut conseil à l'égalité (HCE) rendu public lundi 2 mars. Ce deuxième état des lieux du sexisme en France contient 32 recommandations pour faire reculer le sexisme dans ces trois secteurs avec notamment la création d'une journée nationale de lutte contre le sexisme ou l'instauration d'un peine d'inéligibilité pour un élu condamné pour des violences sexistes et sexuelles.

L'entreprise, un haut lieu du sexisme 

Selon le HCE, "la prévalence du sexisme demeure très importante" dans le monde du travail, qui rappelle que 80% des femmes considéraient, en 2016, qu'elles étaient régulièrement confrontées à des décisions ou des attitudes sexistes dans le cadre de leur travail, selon la dernière consultation du conseil supérieur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Le rapport pointe la responsabilité des universités et des grandes écoles qui "font office de creuset du sexisme".

Les grandes écoles "banalisent le sexisme ambiant", selon le rapport, qui estime au contraire que les universités ont "engagé des mesures importantes", mais qu'il demeure encore "un écart entre la lettre et l'action. Le phénomène demeure massif et les pratiques d'évaluation très insuffisantes". 

Dans son rapport, le HCE propose 12 recommandations concernent le monde de l'entreprise. Il s'agit essentiellement de favoriser dès le plus jeune âge une orientation scolaire et professionnelle "sans stéréotypes de sexe", de renforcer le statut des référents harcèlement sexuel pour mieux les protéger des risques de représailles ou encore d'inciter les entreprises à faire connaître les sanctions en cas de violences sexistes à ses salariés. 

La télé-réalité pointée du doigt 

Si la part des femmes à la télévision est de 42%, ce chiffre tombe à 29% aux heures de grande écoute, avec certains plateaux qui demeurent majoritairement masculins. Les femmes, notamment les femmes politiques, sont sous-représentées parmi les expertes et les invitées présentes à l'antenne.

Mais ce sont surtout les émissions de divertissement qui sont pointées du doigt dans le rapport du HCE. Le "constat est sans appel" dans les émissions de téléréalité : "assignation à des tâches et rôles stéréotypés, sexualisation très présente, procédés de dénigrement et de 'clash' qui tournent à plein". Les femmes y sont souvent "présentées comme stupides, faibles et rivales entre elles, elles ne sont que le faire valoir de 'mâles dominants'", indique le HCE.

Le rapport s'attaque également à l'émission "Miss France, regardée par des millions de personnes et qui participe également d'une instrumentalisation du corps des femmes et d'une vision archaïque de leur place et de leur rôle dans la société".

Sept recommandations sont formulées pour lutter contre le sexisme dans les émissions de divertissement, et notamment en faveur d'un "renforcement du rôle du CSA en matière de lutte contre le sexisme dans les programmes audiovisuels", ou encore l'inscription d'un objectif dans le cahier des charges du service public pour qu'il y ait un minimum de 30% de femmes réalisatrices d'ici 2022, pour atteindre un taux de 40% d'ici cinq ans.

Le monde politique, bastion du sexisme 

Selon le HCE, le monde politique "fonctionne comme une chasse gardée des hommes malgré les avancées remarquables de la parité grâce aux contraintes légales". Mais les femmes politiques, si elles sont plus nombreuses, restent "considérées souvent comme des intruses, sujettes à des disqualifications et incivilités, notamment sous forme d’interruptions de leurs prises de parole, objets de comportements paternalistes et confrontées aux violences sexistes et sexuelles", indique le rapport.

Malgré les lois de parité, "le pouvoir reste très majoritairement masculin", rappelle le HCE : "84% des maires et 92% des présidents d’intercommunalité sont des hommes". Pour lutter contre ce phénomène, le HCE propose d'étendre la parité aux communes de moins de 1 000 habitants, d'instaurer des règles paritaires au sein de l'Assemblée nationale et au Sénat. Le HCE propose aussi d'instaurer une peine d'inéligibilité pour les élus condamnés pour des violences sexistes et sexuelles, de créer un équivalent du rapport annuel du CSA pour "mesurer les stéréotypes dans la presse". 

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