Ce que l'on sait de l'agression d'une enseignante à Tourcoing par une élève de 18 ans

Les faits se sont déroulés lundi au lycée Sévigné. Après sa garde à vue, l'adolescente, inconnue de la police et de la justice, devait être jugée en comparution immédiate mercredi après-midi. Son procès a été renvoyé au 11 décembre.
Article rédigé par Catherine Fournier - avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le lycée Sévigné, à Tourcoing (Nord), le 13 novembre 2017. (VOIX DU NORD / MAXPPP)

Elle devait être jugée dès mercredi après-midi. Le procès d'une élève de 18 ans du lycée Sévigné de Tourcoing (Nord), soupçonnée d'avoir giflé une enseignante qui lui avait demandé de retirer son voile, a été renvoyé au 11 décembre, rapporte France bleu Nord. Voici ce que l'on sait, à ce stade, de cette affaire.

Une altercation dans l'enceinte de l'établissement 

Les faits se sont déroulés lundi vers 16h30 au lycée Sévigné, alors que l'élève venait de revêtir son voile au moment de quitter l'établissement. Selon les premières investigations, l'enseignante en sciences techniques médico-sociales a demandé à la jeune fille "de retirer son voile religieux, avant d'essuyer des propos injurieux", a déclaré le parquet de Lille à l'AFP.  "L'élève a invectivé l'enseignante tout en poursuivant son chemin vers la sortie", a de son côté précisé le rectorat, comme le rapporte France 3 Hauts-de-France.

La professeure s'est ensuite "opposée à sa sortie de l'établissement afin de recueillir son identité" et l'élève a alors porté "une gifle à l'enseignante, qui la lui rendait". "S'ensuivaient plusieurs coups, menaces et bousculades", a ajouté la procureure Carole Etienne. L'élève a ensuite pris la fuite, avant d'être interpellée à son domicile en fin de journée et placée en garde à vue. Selon Jean-François Carémel, secrétaire académique du syndicat Snes-FSU Lille, l'enseignante a ensuite porté plainte.

L'élève jugée en comparution immédiate mercredi

Une enquête a été ouverte et l'élève, inconnue de la police et de la justice, a été placée en garde à vue jusqu'à mercredi. Elle devait être jugée en comparution immédiate dans l'après-midi au tribunal judiciaire de Lille, mais son procès a été reporté au 11 décembre. Comme le rapporte sur X une journaliste de M6 présente à l'audience, la jeune fille s'est excusée devant le tribunal. L'avocat de l'enseignante a pour sa part précisé que cette dernière, absente, était marquée au visage et aux jambes et "profondément choquée".

Sur le plan scolaire, "une mesure conservatoire a d'ores et déjà été prise à l'encontre de l'élève pour lui interdire l'accès à l'établissement jusqu'à réunion de son conseil de discipline", a assuré depuis l'Assemblée nationale la ministre de l'Education, Anne Genetet, précisant s'être entretenue avec la professeure et la proviseure. "J'ai demandé à ce que des sanctions disciplinaires très fermes soient prononcées compte tenu de la gravité des faits", a-t-elle ajouté, précisant qu'une "équipe mobile de sécurité" avait été déployée sur place mardi matin par le rectorat.

Les cours suspendus jusqu'à jeudi et une cellule de crise ouverte

Mardi matin, les enseignants du lycée se sont réunis à la suite de cet événement, a appris France Bleu Nord auprès de l'équipe éducative. La proviseure de l'établissement a décidé d'annuler les cours et une cellule de crise a été ouverte avec l'équipe pédagogique et le rectorat.

Les cours ne sont pas assurés mercredi et reprendront seulement jeudi. Le rectorat précise qu'un "temps d'échange et de travail est mené par les équipes" de l'établissement. Les élèves qui se présentent au lycée dans la journée seront quand même accueillis. Certains ont été choqués, comme ils l'ont expliqué à France Télévisions, décrivant une enseignante "super gentille, à l'écoute. On n'a jamais eu de problème avec elle, elle est toujours là pour nous aider".  

L'enseignante aurait demandé à l'élève de retirer son voile avant de recevoir plusieurs coups. L'élève de 18 ans a été placée en garde à vue.
Agression d'une enseignante à Tourcoing : l'élève visée par une plainte L'enseignante aurait demandé à l'élève de retirer son voile avant de recevoir plusieurs coups. L'élève de 18 ans a été placée en garde à vue. (franceinfo)

D'autres s'interrogent, comme Leïla, élève de terminale qui n'a pas été témoin des faits : "Pourquoi une telle violence pour un simple voile ? La professeure aurait très bien pu demander à la jeune fille très calmement d'enlever son voile", a estimé auprès de l'AFP l'élève, qui retire le sien au lycée.

Le Snes-FSU Lille s'est dit "solidaire de l'ensemble des personnels du lycée Sévigné confrontés à des conditions d'exercice difficiles". Mais comme l'a déclaré Jean-François Carémel auprès de France Bleu Nord, il n'y a pas de tension particulière autour des questions de laïcité dans cet établissement scolaire.  

La classe politique s'est aussitôt emparée de l'affaire

L'agression s'est invitée à l'Assemblée nationale, mardi, par la voix du député de Tourcoing et ex-ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. L'enseignante "a été agressée verbalement puis physiquement, sans contestation possible puisque la vidéo du lycée" a permis aux policiers "de prendre non seulement la plainte, mais de qualifier les faits", a-t-il affirmé lors des questions au gouvernement. Interpellée, la ministre de l'Education nationale a répondu qu'il s'agissait "d'un acte qui défie notre école laïque, d'un acte qui défie la République".

"Menacer un professeur, c'est menacer la République. Frapper un professeur, c'est frapper la République."

Anne Genetet, ministre de l'Education nationale

à l'Assemblée nationale

"Dans tous nos établissements, la loi de 2004 doit s'appliquer, toute la loi de 2004" interdisant le port de signes religieux à l'école, a de son côté réagi le ministre délégué en charge de la Réussite scolaire, Alexandre Portier. "L'heure n'est plus aux errements, aux hésitations, mais à une ligne claire, ferme et assumée", a-t-il ajouté. Pour le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, "la laïcité est un des piliers de l'école de la République, elle ne se négocie pas".

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