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"Au moins, personne ne se dispute" : à Provins, les écoliers font leur rentrée en uniforme mais pas dans l'unanimité

Selon Olivier Lavenka, le maire Les Républicains de la commune de Seine-et-Marne, la moitié des écoliers porteront l'uniforme, à l'occasion de la rentrée, lundi, et cela n'a rien de rétrograde.

Article rédigé par Alexis Morel, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
À partir de lundi 5 novembre 2018, le port de l'uniforme entre en vigueur dans les écoles publiques de Provins, en Seine-et-Marne. (ALEXIS MOREL / FRANCEINFO)

Après deux semaines de vacances, les écoliers de Provins, en Seine-et-Marne, reprennent le chemin de l'école comme les autres, à une exception près. Le lundi 5 novembre marque l'entrée en vigueur du port de l'uniforme dans les écoles publiques de la commune. C'est une première en France métropolitaine dans le public.

La décision a été prise après une consultation ce printemps, à laquelle 62% des familles qui ont participé ont répondu "oui". Cet uniforme commun, qui est en expérimentation, n'est pas obligatoire, mais la mairie a créé un vestiaire scolaire pour l'occasion. C'est là, ces derniers jours, que les familles ont découvert l'uniforme pour la première fois.

J'aime bien par exemple mettre des t-shirts de toutes les couleurs, alors que là, je serai obligée de mettre tout le temps du bleu.

Manon,
une élève âgée de 7 ans

à franceinfo

Les parents volontaires ont déboursé 137 euros pour tout l'attirail : pull bleu clair sur jupe ou pantalon pour les filles et blouson ainsi que pantalon bleu marine pour les garçons. Les élèves n'ont pas le choix des couleurs. Et pour tout le monde, le blason de la ville et la devise républicaine sont présents sur la poitrine. "Je trouve que c'est bien parce qu'au moins personne ne se dispute. Parfois, il y en a qui ont des Nike et les autres n'en ont pas. Du coup, ils se disputent pour les habits", rapporte le jeune Leni. Là, au moins, "tout le monde a un uniforme pareil", explique l'écolier.

Les uniformes attendent leurs futurs propriétaires dans le tout nouveau vestiaire scolaire de Provins (ALEXIS MOREL / FRANCE-INFO)

C'est justement l'un des objectifs du maire Les Républicains de la commune. "L'uniforme, il va déjà permettre de montrer que à une époque où l'on parle beaucoup de ce qui nous divise, il y a beaucoup de choses beaucoup plus importantes qui rapprochent, qui rassemblent, et c'est une manière de montrer que les enfants sont membres de la même communauté éducative", estime Olivier Lavenka. Selon ce dernier, la moitié des écoliers le porteront en cette rentrée et cela n'a rien de rétrograde. Aussi cite-t-il les Antilles, ou d'autres pays en Europe, en Asie, ou en Afrique, où l'uniforme est porté par les élèves.

Toujours des réticences chez certains parents

Olivier Lavenka, qui rappelle que le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer lui-même s'est prononcé en faveur de l'uniforme, n'a pas réussi à convaincre tous les parents d'élèves. "Pour moi, l'uniforme est contraire à l'esprit de l'école publique", lâche Annette. Cette maman farouchement opposée à la tenue scolaire trouve "totalement scandaleux de faire payer ce coût-là aux familles qui ont autre chose à faire".

Annette "ne voit pas en quoi l'uniforme peut apporter du bien-être aux enfants" et s'interroge : "Qu'est-ce que cela va faire ? Cela va morceler un peu plus au sein de l'école parce que les familles sont divisées, donc moi je ne dépenserai pas un centime." Pour cette mère, l'uniforme va créer une nouvelle différence entre ceux qui le portent et les autres, ce qui est bien loin de l'objectif initial. Sur ce point, le maire de la commune avait expliqué samedi sur franceinfo que dès le deuxième enfant, la ville de Provins prendrait en charge 50% du coût du trousseau. Pour toutes les familles qui en ont besoin, le Centre communal d'action sociale (CCAS) est intervenu au cas par cas pour les aider à faire face à cette dépense, tandis qu'il avait été proposé, par ailleurs, un paiement fractionné jusqu'à dix fois. En attendant, Olivier Lavenka a promis un premier bilan de cette expérimentation dans quelques années.

L'uniforme scolaire à Provins - Le reportage d'Alexis Morel

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