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Des policiers devant les établissements scolaires : "Ce n'est pas une réponse adéquate"

Christophe Castaner a annoncé une "plus grande présence des forces de l'ordre" aux abords des établissements scolaires après l'affaire de l'enseignante braquée par un élève. Kamel Chibli, président de la commission éducation des régions de France, partage sur franceinfo ses doutes sur l'efficacité de la mesure.

Article rédigé par franceinfo
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Kamel Chibli, président de la commission éducation des régions de France. (MICHAEL ESDOURRUBAILH / MAXPPP)

Un "comité stratégique" sur les violences à l'école a lieu vendredi après l’affaire de l'enseignante braquée par un élève avec une arme factice à Créteil et des milliers de témoignages de professeurs. Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a notamment souhaité jeudi "une plus grande présence des forces de l'ordre aux abords des établissements". "Ce n'est pas une réponse adéquate", a réagi sur franceinfo vendredi 26 octobre Kamel Chibli, président de la commission éducation des régions de France et vice-président de la région Occitanie en charge de l’éducation.

Que pensez-vous de ce renforcement policier ?

Ce n'est pas une réponse adéquate. Qu'il faille plus de sanctions par rapport à ces gestes, ces comportements c'est une évidence. Mais plus de police dans les établissements ne réglera pas la problématique. Il faut des professeurs, des chefs d'établissement déjà expérimentés, renforcer les moyens des AED [assistants d'éducation] qui ne sont pas forcément des jeunes débarqués sans expériences. Il faut des personnes plus expérimentées, parfois originaire du territoire concerné, qui connaissent plus les élèves et qui ont la capacité de calmer ou de faire de la prévention. Il y aussi un problème d'orientation. Certains élèves ne sont pas faits pour être 5 jours sur 7 à l'école. Ils sont plus faits pour être plus en entreprise pendant une partie du temps. Après, c'est clair qu'il y a un manque de moyen humain.

Faut-il arrêter d'envoyer de jeunes professeurs dans les établissements sensibles ?

Bien sûr. Des fois, on les met en difficultés. Dans certains établissements, il y a un côté militant. On a des lycées qui sont en grandes difficultés et envoyer un enseignant qui vient de sortir avec son CAPES [certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré], c'est d'une part mettre en difficulté l'élève et mettre en difficulté l'enseignant. Ce n'est pas possible. Donc, la réponse n'est pas plus de police ni à l'intérieur, ni à l'extérieur, c'est peut-être de consolider l'encadrement qui existe aujourd'hui. À Toulouse, dans le lycée Gallieni, on a nommé un proviseur sécurité, comme on l'appelle, donc ça existe. Ce proviseur a dû avoir des formations et un accompagnement spécifique pour y être. Il ne faut pas oublier le lien avec les familles qui est essentiel.

Qui doit parler avec les familles ?

Tout le monde doit être le relais. Les professeurs sont importants, mais aux réunions parents-profs, très peu de parents viennent. Seulement 6% à 10% viennent à la rencontre des enseignants. Cela veut dire qu'il faut créer ce lien-là. Parfois, les surveillants ou les CPE [conseillers principaux d'éducation] ont ce contact plus facile. Donc, ce n'est pas uniquement l'enseignant ou le chef d'établissement, c'est la totalité des acteurs de l'établissement qui doivent jouer un rôle avec les familles et il est primordial.

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