Éducation : les inégalités à l'école commencent "dès le plus jeune âge" et varient en fonction du "milieu socio-économique", selon l'OCDE

L'OCDE publie mardi un rapport qui pointe la persistance de très grosses différences dans le parcours des élèves en fonction des inégalités sociales et économiques.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La rentrée des classes dans une école de Quimper (Finistère), le 2 septembre 2024 (FRED TANNEAU / AFP)

Quel rôle joue le milieu familial dans la réussite des élèves à l'école ? L'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques, publie mardi 10 septembre son rapport annuel "Regards sur l'éducation" et pointe, entre autres, le manque de progrès, dans la plupart des pays, dont la France. Il y a encore de très gros écarts dans le parcours des élèves, liés aux inégalités sociales et économiques.

Même dans les pays les plus équitables, explique l'OCDE, les élèves les plus défavorisés n'atteignent pas le même niveau que leurs camarades plus favorisés. "Le milieu socio-économique, le niveau d'éducation des parents, c'est vraiment le plus grand prédicteur de la réussite éducative et de l'insertion professionnelle. On a des statistiques qui montrent que ces inégalités commencent dès le plus jeune âge", explique Éric Charbonnier, analyste à l'OCDE.

Exemple avec la crèche : 85% des enfants de moins de 2 ans de familles les plus riches y sont inscrits. La proportion tombe à 33% pour les foyers les plus modestes. L'OCDE parle de "grand écart des inégalités sociales", à tous les niveaux d'éducation, la faute à notre système éducatif, selon l'organisation, qui est encore assez élitiste et oublie les enfants les plus défavorisés.

Des progrès dans certains domaines

L'organisation internationale note tout de même quelques avancées. Sur le décrochage scolaire par exemple, un peu moins de jeunes quittent le système d'éducation. Des investissements ont également été faits. Depuis le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, les classes de grande section, CP et CE1 sont dédoublées dans le réseau d'éducation prioritaire (REP). Cela pose souvent des questions pour les autres niveaux, qui ont dû, par équilibre, augmenter les effectifs des élèves, mais l'OCDE remarque quand même ces efforts.

"Investir, c'est une bonne chose, mais maintenant, il faut cibler vraiment les établissements qui en ont le plus besoin."

Éric Charbonnier, analyste à l'OCDE

à franceinfo

Toutefois, les progrès sont lents et investir de l'argent n'est pas la seule solution, estime Éric Charbonnier. "Souvent, les pays qui réussissent le mieux ne sont pas forcément ceux avec les dépenses les plus élevées, mais ce sont des pays qui ont investi sur le métier d'enseignant, en revalorisant les enseignants, en leur offrant une formation initiale et continue de qualité, des perspectives de mobilité. Et puis aussi, affecter les enseignants dans les établissements où on a le plus besoin d'eux. Il y a une pénurie d'enseignants souvent concentrée dans les zones les plus défavorisées."

L'étude annuelle prend l'exemple de la Suisse, qui a su donner un niveau d'éducation très élevé à tous, avec des passerelles qui permettent aux jeunes, y compris des filières professionnelles, de continuer dans l'enseignement supérieur.

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