La Cour des comptes toujours très sévère à l'encontre de Sciences Po
Officiellement, la Cour des comptes ne fera aucun commentaire avant le 22 novembre - date de la pulication de son rapport sur la gestion de Sciences Po entre 2005 et 2010, et de la réponse de l'institution. Mais les fuites commencent à être très nombreuses... La Cour délivrerait ainsi un réquisitoire assez implacable sur les années Descoings.
Déjà, le rapport provisoire, révélé par le journal Le Monde le 8 octobre dernier, était assez sanglant : "Fuite en avant financière" ,"gestion peu scrupuleuse des deniers publics", pointait la Cour des comptes.
Le rapport final a été bouclé dans la semaine du 15 octobre ; et effectivement la Cour attend la réponse de Sciences-Po pour tout publier. Mais Le Monde, encore lui, en publie les bonnes pages. Rien de fondamentalement différent par rapport à ce qui avait été révélé au début du mois, juste quelques précisions.
Le développement de Sciences Po salué...
Le rapport met désormais l'accent sur le développement de Sciences Po, qui "a montré son dynamisme et sa capacité d'adaptation aux évolutions de l'enseignement supérieur et de la recherche" . Le nombre d'étudiants est passé de 4.923 en 2005 à 8.539 en 2011, avec de plus en plus d'étrangers (35% des effectifs).
Il décerne aussi un - relatif - satisfecit à "la politique de diversification sociale" des étudiants, depuis le lancement des "Conventions éducation prioritaire" en 2001 : 860 élèves en ont profité en dix ans.
Reste que l'objectif, fixé par l'Etat, d'atteindre 30% de boursiers, n'a pas été rempli : ils n'étaient que 23% au cours de l'année 2010-2011.
... Mais l'explosion des dépenses pointée du doigt
Le gros point noir reste l'explosion du budget, et de son manque de contrôle. Les charges sont passées de 78,7 millions d'euros en 2005 à 127,1 millions en 2010 (+61,4%). La subvention publique, dans le même temps, au crû de 33,3%, de 47,7 millions à 63,6 millions - sans contrôle : c'est Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée, qui s'en occupait lui-même.
Et puis, il y a les salaires. La Cour note que les vacataires, qui ne représentent que 17 millions sur les 30,4 des dépenses, assurent 93% des cours. Les enseignants titulaires, eux, bénéficient d'un système de primes pour le moins opaque. Quant à la rémunération du directeur Richard Descoings, elle est fixée en partie par le principal intéressé : 537.247 euros en 2010, un niveau "hors de proportion avec celui que perçoivent en France les dirigeants d'établissements publics d'enseignement supérieur" .
Le tout, donc, sans contrôles dignes de ce nom. "L'IEP, qui est géré administrativement et financièrement par la FNSP (La Fondation nationale des Sciences politiques), se trouve de fait paradoxalement soustrait au droit public", écrit la Cour des comptes. Qui recommande un peu plus de transparence dans tout cela.
L'histoire ne s'arrêtera sans doute pas à la publication du rapport. La Cour a récemment lancé une instruction complémentaire pour "analyser la pertinence d'éventuelles poursuites" .
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