Le gouvernement dépoussière l’ENA
En matière de diversité des talents et d’égalité des chances, le sommet de l’Etat est prié de montrer l’exemple. Ainsi, comme l’a souhaité le chef de l’Etat l’an dernier, près de 65 ans après sa création (1945), l’Ecole nationale d’administration (ENA) va subir quelques réformes.
Premier symbole fort, la suppression du sacro-saint classement de sortie du vivier de la haute administration. Jusqu’alors, il permettait aux quinze premiers de la promotion annuelle de choisir leur affectation dans "la botte", c'est-à-dire les trois grands corps de l’Etat : Cour des comptes, Inspection générale des Finances et Conseil d’Etat. Les autres élèves moins bien classés se contentaient de postes dans un ministère, un tribunal administratif ou une préfecture.
Désormais, à partir du concours d’entrée 2009, les administrations seront libres de choisir les profils de jeunes énarques qui correspondent à leurs besoins, en se fondant pour cela sur un dossier d’aptitude. Certains opposants à ce volet de la réforme dénoncent l’abandon du symbole de la méritocratie.
Egalité des chances
Autre nouveauté dévoilée ce matin par le ministre de la Fonction publique Eric Woerth, la création dès la prochaine rentrée d’une classe préparatoire réservée aux jeunes des milieux sociaux défavorisés. Cette classe accueillera à Paris 15 élèves, soit plus de 35% des postes ouverts au concours externe.
Enfin, le cursus sera plus court (22 à 25 mois contre 27 actuellement), moins académique et plus professionnel. Les futurs énarques iront plus souvent en stage, peut-être même sur le principe de l’alternance.
Ce projet de réforme, présenté ce matin en Conseil des ministres, doit ensuite être voté par le Conseil d’administration de l’ENA. Il fait suite à un rapport assez cinglant sur les écoles de formation pour les fonctionnaires, en particulier les écoles "emblématiques" de l’ascenseur social (ENA, Polytechnique, Ecoles normales), accusées d’être trop homogènes et de privilégier certaines catégories sociales – en particulier les enfants de fonctionnaires, au détriment d’autres.
Gilles Halais avec agences
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