Tous les élèves de CP et CE1 vont passer des évaluations à partir de ce lundi : voici à quoi elles ressemblent
Plus de 1,6 million d'écoliers de CP et CE1 vont passer une série de tests en français et en mathématiques, les mêmes dans chaque école.
Les cours ont à peine repris que les écoliers vont déjà être évalués. Les élèves de CP et de CE1 vont passer, à partir du lundi 17 septembre, une batterie de tests en français et en mathématiques, identiques dans toutes les écoles. Ce dispositif, annoncé par le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, vise à améliorer l'accompagnement des élèves en fonction de leurs acquis.
Des évaluations nationales pour les élèves de CE1 et CM2 existaient déjà depuis leur mise en place par Xavier Darcos, ministre de l'Éducation sous Nicolas Sarkozy, en 2009. Mais elles avaient été abandonnées en 2013 par Vincent Peillon, sous François Hollande, qui critiquait leur fiabilité. Voici ce qui attend les élèves dans les jours à venir.
Qui est concerné ?
Les quelque 840 000 élèves de CP, et autant en CE1, sont concernés par ce dispositif. Une première batterie de tests concerne les écoliers de ces deux niveaux en septembre. Et les CP devront à nouveau passer des tests en février.
Ces tests, conçus par des agences du ministère, sont les mêmes dans toutes les écoles. Ils ont été pensés "dans un esprit de bienveillance" et "sont pleinement adaptés aux élèves qui entrent en CP et CE1", selon la rue de Grenelle.
En quoi consistent les épreuves ?
• En CP. Les CP passeront des tests de français (deux séances de 20 minutes), qui visent à évaluer leur connaissance des lettres de l'alphabet, leur capacité à comprendre des phrases à l'oral et à reconnaître des sons. A titre d'exemple, d'après les évaluations diffusées sur internet par le Snuipp-FSU, la principale organisation d'instituteurs, on demande aux élèves de repérer, parmi quatre images, laquelle correspond à une situation donnée. Ici, "l'enfant jette la pomme".
En mathématiques, les écoliers auront une séance de 20 minutes pour évaluer leurs premières capacités de calcul. Dans cet autre exemple, on demande aux élèves de repérer la position d'un nombre sur une ligne numérique. "Vous allez entourer le nombre qui doit aller à l'endroit indiqué par le trait avec l'étiquette", est censé demander l'instituteur.
• En CE1. Les élèves passeront aussi deux tests de 20 minutes chacun en français pour évaluer leur lecture à voix haute, leur compréhension écrite et orale, la richesse de leur vocabulaire et leur orthographe. Exemple d'exercice : on propose aux élèves de lire, seuls, un texte et de répondre à des questions correspondantes.
En mathématiques, ils devront passer un test de 30 minutes pour évaluer leurs capacités de calcul mental, de calcul en ligne et de résolution de problèmes. Dans cet autre exemple, les élèves doivent calculer des additions ou des soustractions de deux nombres entiers puis entourer la bonne réponse parmi six propositions.
Pourquoi ces évaluations sont-elles critiquées ?
Pour le Snuipp-FSU, premier syndicat chez les professeurs des écoles, classé à gauche, ces évaluations sont "très inquiétantes" car "inadaptées". Ces exercices, que le syndicat a mis en ligne sur son site, "ne respectent pas les apprentissages réels des élèves issus des programmes de maternelle" et "placeront artificiellement la majorité d'entre eux en situation d'échec et de stress important".
D'après Rachel Schneider, secrétaire départementale du Snuipp en Seine-Saint-Denis, certains exercices sont même un piège pour les enfants. "Quand on vous présente, pour les CP, un tableau avec 24 groupes de lettres à comparer en deux minutes, c'est aberrant pour des élèves qui arrivent de maternelle", dénonce-t-elle auprès de franceinfo. Elle cite un autre exemple : un texte destiné aux CE1 qui comprend les mots "glande pinéale" et "mélatonine".
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A quoi vont servir les résultats ?
L'objectif "n'est pas de classer les enfants" ou "d'établir des moyennes de classe" mais "de connaître les compétences de chaque élève", assure le ministère de l'Education nationale. "Ce n'est pas du tout un examen, martèle Stanislas Dehaene, qui préside le conseil scientifique de l'éducation nationale, auprès de franceinfo. Il ne s'agit pas de mesurer des compétences qui seraient censées être acquises par tous." Les résultats doivent permettre au professeur de "mieux adapter son enseignement" et "mieux accompagner les élèves vers la réussite".
Les enseignants doivent saisir les réponses sur un portail en ligne. L'interprétation est automatisée et centralisée par un logiciel. Le professeur recevra ensuite le profil de chaque élève (acquis et besoins) et celui de sa classe, le directeur le profil de son établissement et l'inspecteur d'académie celui des écoles de sa circonscription. Les parents seront également informés des résultats de leurs enfants.
Mais ces évaluations pourraient être menacées de boycott. Le Snuipp-FSU propose aux professeurs de "reprendre la main sur ces évaluations, de ne pas les faire passer dans l'immédiat, d'en sélectionner les items qu'ils jugent utiles à leurs élèves et de ne pas en saisir les réponses".
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