Enseignement de l'allemand : ce qu'annonce la ministre de l'Education (et ce qu'elle ne dit pas)
Davantage d'écoles et de collèges vont enseigner l'allemand à la rentrée 2016, mais la proportion de classes bilangues supprimées n'est toujours pas confirmé. Il semble, néanmoins, que leur nombre va drastiquement baisser.
"Un effort exceptionnel en faveur de l'apprentissage de l'allemand." C'est ce que la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, annonce pour la rentrée 2016, vendredi 22 janvier, à l'occasion d'une conférence de presse organisée pour la journée franco-allemande.
L'allemand enseigné en LV2 dans plus de 4 700 collèges
A ce jour, 4 300 écoles élémentaires proposent quelques heures de cours dans une autre langue que l'anglais. Leur nombre passera à 5 500 à la rentrée 2016 : 200 pour l'espagnol, l'italien, le chinois, l'arabe, le russe... et 1 000 pour l'allemand. Au total, 3 800 écoles élémentaires proposeront un enseignement d'allemand à la prochaine rentrée.
Du côté des collèges, 4 700 établissements proposeront l'allemand en LV2, soit près de 700 collèges de plus qu'aujourd'hui, selon le ministère.
Des classes bilangues dans 3 000 collèges à la rentrée
Mais ce que ne dit pas Najat Vallaud-Belkacem, c'est le nombre de classes bilangues supprimées à la rentrée. Or, la suppression de ces classes, qui permettent l'enseignement de deux langues étrangères dès la 6e, est un des éléments-clés de la réforme du collège. C'est aussi une mesure qui a provoqué, au printemps 2015, de vives protestations de la part des professeurs d'allemand, qui craignent l'effritement de l'apprentissage de cette langue, au profit de l'anglais.
Ils seront 3 000 collèges à la rentrée 2016 à proposer deux langues en 6e. Car les classes bilangues proposent principalement l'enseignement de l'anglais et de l'allemand, mais d'autres langues sont enseignées. Par exemple à Nice (Alpes-Maritimes), il existe une classe bilangue anglais-italien.
Au total, le ministère affirme que 2 300 collèges proposeront l'anglais et l'allemand à la rentrée. Il donne le détail de la répartition de ces classes dans deux cartes (LVE signifie langue vivante étrangère, LVR signifie langue vivante régionale).
Pas de comparaison avec les années précédentes
Problème : ces cartes dressent un état des lieux de ce qui existera à partir de septembre 2016. Et on ne sait pas si, dans chaque académie, ce chiffre est inférieur, supérieur ou égal à ce qui existait auparavant. Ni Najat Vallaud-Belkacem, ni son ministère ne l'ont précisé.
L'Association pour le développement de l'enseignement de l'allemand (ADEAF) a bien tenté de recenser le nombre de classes bilangues anglais-allemand maintenues par académie. Le Parisien a même réalisé une carte avec la part de classes maintenues, en pourcentage. Mais ces données sont incomplètes. "Nous avons établi nos chiffres à l'aide des remontées de nos représentants dans chaque académie", explique à francetv info Thérèse Clerc présidente de l'ADEAF.
Dans Le Monde (article payant), néanmoins, les syndicats d'enseignants donnent un ordre d'idée : 70% des sections bilangues devraient être maintenues, mais avec de fortes disparités selon les académies. Elles seraient toutes maintenues dans celle de Paris, mais entre 70 et 75% de ces classes seraient supprimées dans les académies de Poitiers, Lyon ou Rouen. Et dans l'académie de Caen, elles seraient presque toutes supprimées.
Pour avoir le fin mot de l'histoire, il faut donc contacter les académies les unes après les autres. Certaines refusent de donner les chiffres. Un seul exemple donne un aperçu du changement initié par la réforme. L'académie de Reims indique à francetv info qu'à la rentrée 2015, 96 collèges proposaient des classes bilangues, dont 90 anglais-allemand. A la rentrée 2016, il y en aura seulement 34, dont 33 anglais-allemand. De tels chiffres qui pourraient expliquer les raisons pour lesquelles le ministère continue d'entretenir le flou sur la question.
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