Rentrée 2013 : Peillon éprouve sa réforme des rythmes scolaires
Le constat
Cette volonté de changer les rythmes scolaires des écoliers du primaire découle de deux études. D'un rapport de l'Académie nationale de médecine tout d'abord qui, dès 2010, a souligné la longueur et la lourdeur des journées imposées aux élèves français.
Dans son enquête, l'institution expliquait que "depuis la mise en place de la semaine de quatre jours en 2008 [ndlr : avec la réforme Darcos] , les écoliers français (...) subissent des journées plus longues et plus chargées que la plupart des autres élèves dans le monde ". Un emploi du temps qui fragilise les capacités d'écoute et d'attention des jeunes écoliers, et a un impact sur leur réussite à l'école :
"Selon les scientifiques spécialistes des rythmes de l'enfant, cette extrême concentration du temps est inadaptée et préjudiciable aux apprentissages. Elle est source de fatigue et de difficultés scolaires." (L'Académie nationale de médecine)
L'autre raison de cette réforme mise en place par Vincent Peillonn ministre de l'Education nationale, ce sont les résultats d'une enquête mondiale du Programme International de recherche en lecture scolaire (PIRLS), qui a souligné en 2011 qu'au niveau des performances en lecture des élèves de CM1, la France ne se classait que 29e sur 45 pays étudiés. Ses résulats la plaçaient même en dessous de la moyenne européenne.
Les changements
Avant le décret du 24 janvier 2013 sur l'organisation du temps scolaire, la France était le pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dont les élèves du primaire passaient le moins de temps sur les bancs de l'école. Ils travaillaient en effet 144 jours/an, contre 187 en moyenne pour le reste des pays membres comme l'expliquait cette vidéo du gouvernement chargée de promouvoir la réforme :
Paradoxalement, les écoliers français étaient également ceux qui passaient le plus de temps à l'école (864 heures par an, contre 774 à 821 en moyenne selon l'âge des écoliers).
De quatre jours par semaine (avec le mercredi non travaillé), la réforme va rajouter une demi-journée d'enseignements. Dans la majorité des cas, ce sera le mercredi matin, mais certains établissements peuvent faire le choix du samedi matin s'ils le souhaitent.
"L'étalement de la semaine sur quatre jours et demi signifiera, pour tous les enfants, dès 2014, des journées moins longues, moins fatigantes, une organisation de la semaine plus propice aux apprentissages, un accompagnement des élèves en difficulté plus efficace." (Vincent Peillon)
Le nombre d'heures travaillées par semaine (24) ne sera en revanche pas modifié. Mais la réforme veut mieux répartir ce temps de cours sur la semaine, pour alléger les journées des écoliers et programmer des séquences d'enseignement à des moments où la concentration des enfants est le plus grande.
Les élèves auront une pause déjeuner d'au moins 1h30 et n'auront jamais plus de 5h30 d'enseignements par jour. Ils passeront autant de temps à l'école que l'année précédente, mais bénéficieront de plus de temps périscolaire dont l'animation sera à la charge des établissements.
La mise en application
Les changements évoqués précédemment ne s'appliqueront pas dans l'immédiat à l'ensemble des écoles primaires françaises. Pour cette rentrée 2013, elle ne concernera que 20 à 25% des élèves et 17% des communes.
Des chiffres inférieurs aux espoirs du gouvernement, Vincent Peillon ayant misé sur le fait que la moitié des élèves français passeraient dès cette année à la semaine de quatre jours et demi.
Si Paris, Rennes ou Toulouse se lanceront dès septembre 2013, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux ou Strasbourg préfèrent attendre 2014.
Sondés, les maires expliquent qu'ils préfèrent se donner du temps face à une mesure qui va nécessiter plus d'infrastructures, plus de personnel et surtout plus de moyens : l'Associations des maires de France (AMF) estime que la réforme va coûter 100 euros par élève. Pour aider les collectivités qui franchiront le pas dès cette année, le gouvernement a déjà débloqué un fonds d'amorçage de 250 millions d'euros.
Une réforme connue mais mal comprise
Malgré de nombreuses opérations de communication de la part du gouvernement autour de ce qui est la réforme-phare de la rentrée, la mesure reste obscure.
D'après un sondage Harris Interactive réalisé du 29 juillet au 10 août 2013, si 77 % des sondés affirment avoir entendu parler de la mesure, ils ne sont que 48 % à voire clairement en quoi elle consiste. Surtout, ils sont 47 % à affirmer que c'est une mauvaise chose.
Les premières semaines aménagées seront donc scrupuleusement observées, et auront valeur de test grandeur nature pour le gouvernement.
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