Un rapport pointe du doigt une envolée du nombre d'enseignants vacataires à l'université

Leur nombre a bondi de 30% en sept ans, relève le collectif Nos services publics dans une note publiée jeudi. Il dénonce un statut dévoyé et utilisé pour pallier le manque de titulaires.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un cours dans un amphithéâtre de l'université Jean-Jaurès, à Toulouse, le 9 mars 2021. Image d'illustration. (ARNAUD CHOCHON / HANS LUCAS)

Le nombre de vacataires explose à l'université. C'est le constat du collectif Nos services publics, qui publie une note jeudi 11 avril. Selon cette étude, le nombre de ces personnels précaires dans les facultés a augmenté de 30% en sept ans. Ils représentent désormais plus de la moitié des enseignants.

Ce phénomène a de multiples conséquences, d'abord sur les conditions de travail des personnes concernées. Ce sont souvent de jeunes chercheurs, qui attendent leur titularisation, mais comme il y a très peu de postes, cette période de précarité s'allonge. À l’origine, la vacation a été conçue pour faire intervenir, de manière ponctuelle, des professionnels du monde de l'entreprise, mais ce statut est aujourd'hui dévoyé, pointe le collectif, et sert à dispenser des heures de cours quotidiennes, pour pallier le manque de titulaires.

"La vacation est devenue le type d’emploi par défaut utilisé par les directions d’université."

Le collectif Nos services publics

dans leur note

Ces vacataires sont très souvent payés avec plusieurs mois de retard. La mensualisation de leur salaire, officiellement obligatoire depuis 2020, est impossible par les administrations car leur temps de travail n'est pas fixé à l'avance. Leur rémunération est donc comptabilisée une fois les heures effectivement réalisées.

Mais cette utilisation très large de vacataires pose aussi des questions juridiques. Cet usage généralisé "place la puissance publique aux marges de la légalité", affirme ce rapport, car il entre en contradiction avec les textes qui encadrent ce statut. Par ailleurs, ces agents précaires ne relèvent ni du Code du travail, ni du Code de la fonction publique. Ils sont même parfois recrutés de manière illégale, quand ils n'ont pas d'autre métier principal, ce qui est pourtant obligatoire dans ce statut. C'est aussi le cas quand les universités demandent aux vacataires de se déclarer autoentrepreneurs pour contourner cette obligation.

Les vacataires coûtent cinq fois moins cher

Une grande partie du problème c'est que cette situation fait l'objet d'une forme de déni, analyse Hugo Moneron, rédacteur de cette note. "Les vacataires sont les grands invisibles. La catégorie qui, dans la réalité, écrase toutes les autres catégories en terme de nombre, mais qui disparaît dans les statistiques officielles, observe-t-il. Quand vous lisez les bilans sociaux du ministère, sur chaque tableau chiffré, un petit astérisque explique que les vacataires ne sont pas pris en compte dans ces statistiques, comme si c'était un détail qu'on peut mettre en bas de page, alors que c'est la catégorie majoritaire. Donc on laisse proliférer cette situation et on fait comme si elle n'existait pas."

Cette généralisation de l'emploi de vacataires vient de la situation financière très difficile des universités. Il y a de plus en plus d'étudiants depuis les années 60, mais les budgets n'ont pas augmenté dans les mêmes proportions. L'intérêt de faire travailler des vacataires, c'est qu'ils coûtent bien moins cher que des titulaires. Cinq fois moins, en moyenne.

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