En Loire-Atlantique, la préfecture utilise Facebook pour empêcher un apéro
La page dédiée à l’événement est apparue au début du mois de mai. Elle compte aujourd’hui près de 7.000 participants déclarés. Ce nombre affole les services préfectoraux, qui redoutent que cette rencontre ne connaisse la même issue que celle du 12 mai 2010, au cours de laquelle un jeune homme très alcoolisé avait fait une chute mortelle.
Ne parvenant pas à contacter l’organisateur, la préfecture a commencé il y a quelques jours à poster des messages sur le “mur” de l’apéro géant pour tenter de nouer directement le dialogue. “Le créateur de cet événement Facebook refuse malheureusement de répondre à nos sollicitations. C'est pourquoi nous avons ouvert le dialogue sur Facebook" déplore l’organisme sur le réseau social.
Dans l’un de ses premiers messages, la préfecture incite sobrement “chacun à faire preuve de prudence, de raison et de responsabilité et à reconsidérer sa participation à une manifestation dont les débordements peuvent paralyser les services d’urgence”. Elle rappelle aussi “qu'un tel rassemblement "spontané" présente des risques spécifiques du fait de l’absence d’organisateurs identifiés, du nombre élevé de participants et de l’incitation à la consommation d’alcool”.
Les internautes sont d’abord partagés : certains croient à un “fake” (une usurpation de compte), d’autres se félicitent de la position des autorités : “Au moins, ils ne l’interdisent pas, c’est seulement une mise en garde.”
“Une logique de dissuasion de la tenue de cet événement”
Au fil des publications, la préfecture se fait plus précise, et plus ferme. “La préfecture de la Loire-Atlantique précise que sa démarche d'intervention sur Facebook se place dans une logique de dissuasion de la tenue de cet événement. Nous le considérons comme inopportun dans sa forme actuelle (…).”
“La préfecture n'autorise pas la tenue de cet apéro géant : aucune demande d'autorisation n'a été déposée auprès de ses services comme le prévoit la loi” ajoute-t-elle, en rappelant “qu'une free party autorisée a eu lieu la semaine dernière en Loire-Atlantique, les organisateurs ayant proposé un dispositif offrant des garanties suffisantes pour la sécurité des participants”.
Une manière pour la préfecture de répondre à ceux qui la taxent d’être “à côté de la plaque”, comme le fait l'un des participants : “La prévention est une chose honorable, mais vouloir interdire cet évènement ne me semble pas d'un grand intérêt (…). Vous avez là l'occasion de véhiculer une image de la ville de Nantes jeune, dynamique et sympa (...). L'interdire, c'est montrer que les élus (…) n'entendent pas le message des jeunes (…).”
Bien que la méthode de la préfecture de Loire-Atlantique divise, elle a au moins le mérite de susciter le débat autour des coûts directs et indirects de ces apéros géants : sur la page même de l’événement, les "anti" et les "pro" débattent sur les questions de sécurité, de liberté ou encore de propreté de la ville.
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