Irlande : 9 000 enfants sont morts dans d'anciennes maisons pour mères célibataires, selon une commission d'enquête
Tenus par des religieuses catholiques avec l'Etat irlandais, ces établissements accueillaient des jeunes filles et jeunes femmes rejetées par leur famille.
En Irlande, une commission d'enquête a levé le voile sur un scandale. Entre les années 1920 et la fin des années 1990, 9 000 bébés et enfants sont morts dans les anciennes "maisons mère-enfant" pour mères célibataires, tenues par des religieuses catholiques, selon un rapport de la commission publié mardi 12 janvier.
Le Premier ministre, Micheal Martin, a annoncé qu'il présenterait les "excuses" de l'Etat irlandais dans cette affaire qui a mis en évidence des niveaux "inquiétants" de mortalité dans ces établissements, qui ont subsisté jusqu'à 1998. "Il est difficile de concevoir l'ampleur de la tragédie et le chagrin qui se cache derrière ce chiffre de 9 000 enfants et bébés", a déclaré le ministre de l'Enfance, Roderic O'Gorman.
Une enquête ouverte en 2015
Tenues par des religieuses avec l'Etat irlandais, ces maisons accueillaient des jeunes filles et jeunes femmes rejetées par leur famille. Celles-ci étaient maltraitées et exploitées, notamment comme blanchisseuses. Considérés comme illégitimes, les enfants qui y naissaient étaient souvent séparés de leur mère pour ensuite être adoptés, rompant tout lien avec leur famille biologique. La commission avait été mise sur pied pour faire la lumière sur le haut niveau de mortalité des enfants dans ces anciennes institutions de la très catholique Irlande entre 1922 et 1998.
L'enquête avait été ouverte en 2015 dans le sillage des travaux d'une historienne, Catherine Corless. Elle affirmait que près de 800 enfants nés dans l'une de ces maisons de naissance, le foyer St Mary des sœurs du Bon Secours de Tuam (ouest de l'Irlande), avaient été enterrés dans une fosse commune entre 1925 et 1961.
"Culture misogyne"
Le rapport décrit un chapitre "sombre et honteux de l'histoire récente de l'Irlande", a déclaré le Premier ministre, et met en lumière la "culture misogyne" qu'a connue le pays pendant "plusieurs décennies". Il a notamment souligné les "discriminations graves et systématiques contre les femmes, particulièrement celles qui ont accouché hors mariage".
"Nous avions une attitude complètement déformée vis-à-vis de la sexualité et de l'intimité."
Micheal Martin, Premier ministre irlandais
Le chef du gouvernement a évoqué un "dysfonctionnement" pour lequel "les jeunes mères et leurs fils et filles" dans ces établissements "ont été contraints de payer un prix terrible". Le chiffre de 9 000 décès représente 15% des 57 000 enfants qui sont passés par ces maisons pendant la période examinée par la commission d'enquête. "Toute la société était complice", a estimé le Premier ministre.
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