À vrai dire. Une personne en bonne santé peut-elle vraiment demander l'euthanasie en Belgique ?
Le débat sur l'euthanasie fait l'actualité en France. C'est souvent le modèle belge qui est cité en exemple et, parfois, caricaturé. La ministre française de la Santé laisse entendre qu'une personne bien portante peut obtenir l'euthanasie en Belgique. Mais la loi belge ne dit pas cela.
La ministre française de la Santé, Agnès Buzyn, s'est exprimée à plusieurs reprises ces derniers jours sur le thème de l'euthanasie. Dimanche dernier, sur franceinfo, elle s'inquiétait des dérives possibles de la loi sur la fin de vie en Belgique :
"N'importe qui en Belgique qui demande à mourir, s'il le demande trois fois, peut accéder à l'euthanasie, même s'il n'est pas malade, ou s'il n'a pas une pathologie incurable, s'il est simplement âgé, décide de mourir à l'âge de 77 ans, il a le droit de mourir."
En écoutant ces propos, on croit comprendre qu'une simple demande un peu insistante permet d'obtenir le droit de mourir en Belgique. La ministre a tenu des déclarations similaires dans le journal Le Parisien-Aujourd'hui en France :
"Que n'importe quel français bien portant puisse dire "je veux mourir" et "je demande qu'on puisse m'euthanasier" ? Ca c'est la loi belge. Mais on constate des dérives."
Ces propos ont suscité l'indignation en Belgique car la loi ne dit pas tout à fait ça.
Quelles conditions pour la fin de vie en Belgique ?
La législation belge sur la fin de vie a été promulguée en 2002. Elle concerne des situations bien précises.
La patient doit d'abord être conscient au moment de sa demande. Il doit aussi la formuler de manière volontaire, réfléchie et surtout répétée.
Dernière condition : le demandeur doit souffrir d'une maladie incurable et faire état d'une "souffrance constante et insupportable", physique ou psychique.
Quel sont les contrôles ?
Le médecin qui pratique une euthanasie doit en référer à une Commission fédérale de Contrôle et d'Évaluation de l'Euthanasie. Contacté par TV5MONDE, son co-président, Gilles Genicot, rappelle sa mission : "La Commission reçoit -après que les euthanasies ont été pratiquées- un document. Nous nous assurons, d'après ce document, que les conditions médicales et procédurales de la loi sont remplies. En pouvant bien entendu poser des questions complémentaires au médecin."
Gilles Genicot confirme avoir entendu les propos d'Agnès Buzyn et dit être "tombé en bas de (sa) chaise". Pour lui, "c'est véritablement une désinformation. C'est assez grave de présenter la situation belge d'une manière aussi erronée. En aucun cas, le simple fait d'être déprimé de manière passagère ou d'être en situation de "fatigue de vivre" ne peut constituer un motif permettant la formulation d'une demande d'euthanasie et encore moins l'acceptation de celle-ci par le corps médical. "
L'an dernier, 2309 euthanasies ont été enregistrées en Belgique ; plus de 17 000 entre 2002 et 2017. Un seul cas a été jugé litigieux par la commission. Il a été transmis à la justice (au procureur du roi) en 2015.
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