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Fin de vie : ce qu'il faut retenir du discours d'Emmanuel Macron après les conclusions de la convention citoyenne

Le chef de l'Etat a notamment annoncé qu'il attendait du gouvernement un projet de loi "d'ici la fin de l'été".
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron lors de son discours sur la fin de vie, à l'Elysée, à Paris, le 3 avril 2023. (AURELIEN MORISSARD / AFP)

"Nous sommes tous concernés, par essence, par la fin de vie." Au lendemain de l'adoption du rapport de la convention citoyenne sur ce thème, qui juge "nécessaire" d'autoriser le suicide assisté et l'euthanasie, Emmanuel Macron a pris la parole, lundi 3 avril, devant les 184 participants réunis à l'Elysée. Saluant le sérieux de leurs travaux et leur engagement, le chef de l'Etat a évoqué le début d'un "deuxième temps" du débat. Et rappelé qu'une "convention citoyenne ne se substitue jamais à la délibération parlementaire". Voici ce qu'il faut retenir de son discours.

Une loi sera présentée "d'ici la fin de l'été"

Sur la question de l'aide active à mourir, le président de la République s'est montré prudent. "J'ai une opinion personnelle qui peut évoluer, évolue, évoluera peut-être", a-t-il déclaré à ce sujet, rappelant avoir "en tant que président une responsabilité de concorde et une volonté d'apaisement". Emmanuel Macron a estimé que la convention citoyenne portait "une exigence et une attente d'un modèle français de la fin de vie""Nous y répondrons", a-t-il assuré, annonçant un projet de loi sur la fin de vie "d'ici à l'été 2023".

"Je demande au gouvernement, en lien avec les parlementaires, de mener une œuvre de co-construction sur la base de cette référence solide qui est celle de la convention citoyenne", a poursuivi le chef de l'Etat, tout en fixant des "lignes rouges" à ne pas franchir. Parmi celles-ci, la nécessité de "garantir l'expression de la volonté libre et éclairée", de la "réitération du choix", "l'incurabilité de souffrances réfractaires, psychiques et physiques, voire l'engagement du pronostic vital".

"Vous insistez, à raison, pour que jamais une aide active à mourir ne devrait être réalisée pour un motif social, pour répondre à l'isolement qui parfois peut culpabiliser un malade qui se sait condamné", a ajouté Emmanuel Macron, qui a également fermé la porte à toute aide à mourir pour les mineurs. "Ces quelques lignes rouges me paraissent encadrer l'hypothèse d'un modèle français de la fin de vie", a-t-il encore souligné.

Un "plan décennal" va être mis en place

Pour Emmanuel Macron, le "premier pilier de la réponse" qu'il entend apporter aux conclusions de la convention citoyenne et des divers travaux sur le sujet est "peut-être la réponse la moins spectaculaire" : celle de la meilleure application du cadre existant, à savoir la loi Claeys-Leonetti de 2016, qu'"il nous faut mieux faire appliquer".

La législation actuelle permet aux soignants de mettre sous sédation irréversible des patients proches de la mort, dont les souffrances sont intolérables. Mais elle ne va pas jusqu'à autoriser une assistance au suicide ou l'euthanasie.

"Notre système d'accompagnement de la fin de vie reste mal adapté aux exigences contemporaines."

Emmanuel Macron, président de la République

devant les 184 participants à la convention citoyenne sur la fin de vie

Et le chef de l'Etat de pointer une "inégalité fondamentale" dans l'accès aux soins palliatifs sur le territoire. 

Le président a ainsi confirmé "un plan décennal national pour la prise en charge de la douleur et le développement des soins palliatifs, avec les investissements qui s'imposent". Sans avancer de chiffres sur le financement de ce plan, le chef de l'Etat s'est engagé à "développer la prise en charge des soins palliatifs", y compris dans le secteur pédiatrique, "à mieux les intégrer à l'hôpital dans le parcours de soin, à fixer un seuil de lits par territoire et à poursuivre leur développement à domicile". De quoi rassurer ceux qui sont hostiles à l'aide active à mourir.

Des conventions "sur d'autres sujets" seront organisées

Emmanuel Macron a rendu un hommage appuyé aux 184 membres de cette convention sur la fin de vie, des citoyens tirés au sort qui ont participé pendant trois mois à d'intenses débats sur le sujet. "Vous l'avez fait avec une sincérité d'autant plus notable que l'expérience de vos prédécesseurs sur la convention climat avait moins convaincu", a reconnu le chef de l'Etat.

"Vous l'avez fait avec une sincérité d'autant plus notable que l'expérience de vos prédécesseurs sur la convention climat avait moins convaincu."

Emmanuel Macron, président de la République

devant les 184 participants à la convention citoyenne sur la fin de vie

"C'était la première convention citoyenne, vous avez bénéficié de tout ce que nous avons appris", a-t-il poursuivi, notant une "forme de maturité à laquelle nous arrivons". Le chef de l'Etat a ainsi annoncé qu'il souhaitait que des conventions citoyennes soient désormais mises "en œuvre sur d'autres sujets" de société, sans préciser lesquels. "Je compte, dans les prochaines semaines, saisir le Conseil économique, social et environnemental (Cese) sur d'autres problématiques", a-t-il seulement révélé.

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