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Jean-Luc Romero se souvient de Marie Humbert comme d'une "mère courage, engagée et amoureuse de la vie"

Le président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité évoque le parcours de Marie Humbert, devenue une figure de proue du mouvement en faveur de l'euthanasie. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Jean-Luc Roméro, président de l'association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, le 14 octobre 2017.  (XAVIER LEOTY / AFP)

Marie Humbert "était une femme engagée mais c’était une femme amoureuse de la vie aussi", a réagi sur franceinfo dimanche 5 août le président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), Jean-Luc Romero, après avoir appris la mort de cette figure de proue du mouvement en faveur de l'euthanasie, dans la nuit de samedi à dimanche.

Elle avait aidé son fils à mourir après un grave accident de la route, lorsqu’il avait 20 ans. Vincent était devenu tétraplégique, quasiment aveugle et muet. Il avait écrit à Jacques Chirac, alors président, pour lui demander qu'on mette fin à ses souffrances. Marie Humbert avait été mise en examen pour "empoisonnement avec préméditation" mais a bénéficié d’un non-lieu en février 2006.

Son acte a permis "une prise de conscience"

Marie Humbert et son fils Vincent, ce sont eux qui "sont à l’origine de la prise de conscience des politiques sur la fin de vie. A partir du moment où il y a eu cet appel au président de la République et ce geste de cette mère courage, il y a eu une telle émotion des Français qu’enfin les politiques se sont intéressés à la question de la fin de vie, même s'ils n’ont pas apporté la réponse que Marie Humbert attendait", a expliqué Jean-Luc Romero sur franceinfo. "C’est d’abord une maman qui a fait un geste d’amour", a-t-il ajouté. Son acte a permis "une prise de conscience", car jusqu’à 2005, les politiques était très réticents à légiférer sur la fin de vie.

"Depuis 2005, on a eu trois lois Leonetti qui permettent de n’aider que des personnes qui sont en fin de vie et on peut alors avoir une sédation terminale. On vous endort, on arrête de vous alimenter, de vous hydrater et cela peut mettre des semaines. Cela peut être une longue agonie, donc ça peut être une bonne solution pour des personnes qui peuvent mourir très rapidement, mais ça peut être un acharnement thérapeutique pour d'autres. Et c’est pour ça que nous, nous demandons que celui qui va mourir soit au centre des décisions et non ceux qui sont autour du lit", a martelé le président de l'association.

Jean-Luc Romero espère que les parlementaires vont réagir. "On ne peut plus continuer à être un des pays en Europe où l’on meurt le plus mal et où la décision de la personne mourante n’est pas au centre de la décision. Nous nous attendons qu’à l’automne, les parlementaires franchissent enfin le pas. C’est juste une liberté qu’on donne à ceux qui n’en peuvent plus, de pouvoir partir sans souffrance", a-t-il expliqué.

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