Septuagénaire acquitté après avoir tué sa femme malade : "Que les gens condamnés à la maladie ne soient pas condamnés à l'agonie", réclame le député Olivier Falorni
"Je ne suis pas un assassin" : Bernard Pallot, 78 ans, a été acquitté à Troyes où il était jugé depuis lundi 28 octobre pour l'assassinat de son épouse Suzanne, atteinte d'une maladie rare et incurable, qu'il reconnait avoir étranglée pour qu'elle ne souffre plus. "Ce procès témoigne de l'insuffisance de la loi qui nous met dans des situations, nous les particuliers, difficiles", a-t-il exposé avec calme à l'issue du verdict.
Le 11 octobre 2021, ce professeur en IUT à la retraite, au casier judiciaire vierge, a injecté du cyanure dans la cuisse de son épouse, dont la vie n'était selon lui "plus supportable", pour la tuer, sans y parvenir. Alors, "dans l'improvisation", il s'empare d'un morceau de fil électrique dans le garage de leur domicile d'Isle-Aumont qu'il lui serre autour du cou pendant une vingtaine de minutes. "Cela paraît un peu sauvage comme méthode, mais je n'avais pas le choix", a-t-il dit lors de l'enquête. À l'arrivée des gendarmes, l'ingénieur de formation déclare: "C'est moi qui ai tué ma femme".
"A travers cette décision de justice, le peuple français s'adresse aux députés et sénateurs en leur demandant de légiférer", affirme Olivier Falorni, député et rapporteur général du projet de loi sur la fin de vie sur franceinfo jeudi 31 octobre, alors qu'un septuagénaire jugé pour l'assassinat de son épouse malade a été acquitté par un jury populaire mercredi devant la cour d'assises de l'Aube.
Vers une reprise du débat sur la fin de vie
Bernard Pallot, 78 ans, a reconnu avoir étranglé sa femme "par amour" et "à sa demande" pour "éviter qu'elle souffre", après avoir essayé de la tuer en lui injectant du cyanure. "Je ne suis pas tout seul dans ce cas, il faut absolument que la loi évolue. On est dans le pays des droits de l'homme normalement", a expliqué le retraité au collier de barbe grise après l'énonce du verdict.
"Faisons en sorte d'avoir une loi avec des critères stricts pour répondre aux besoins des gens qui vont mourir et dont les souffrances sont insupportables", expose Olivier Falorni qui ne veut pas "que les gens condamnés à la maladie soient condamnés à l'agonie".
Le député de Charente-Maritime en "appelle" au gouvernement pour que la proposition de loi signée par 220 députés qu'il a déposée, soit "inscrite au débat" au Parlement "en décembre ou janvier". La dissolution de l'Assemblée nationale, le 9 juin dernier, avait mis fin aux débats sur le projet de loi sur la fin de vie, pour l'application d'une "aide active à mourir". "Le débat avait été entamé, il a été arrêté brutalement. Les Français ne comprendraient pas qu'il ne continue pas", affirme Olivier Falorni.
Le rapporteur général du projet de loi sur la fin de vie se "réjouit" qu'une enveloppe de 100 millions d'euros dédiés aux soins palliatifs ait été "sanctuarisée" dans le projet de loi du budget de la Sécurité sociale pour 2025. "L'objectif est qu'il y ait au moins un service de soins palliatifs dans chaque département dans deux ans".
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