"Harry & Meghan" : que nous apprend la seconde partie du documentaire de Netflix qui ébranle la famille royale britannique ?

"L'amour triomphe." Voilà la conclusion (un brin romancée) de la seconde partie du documentaire Harry & Meghan, dont les derniers épisodes ont été diffusés jeudi 15 décembre sur Netflix. Mais la série sur la vie des Sussex, qui a fait l'objet d'un juteux contrat avec la plateforme de streaming, leur permet surtout de donner leur version des événements les ayant poussés à quitter leurs fonctions au sein de la famille royale.

Franceinfo résume ce que révèlent les trois nouveaux épisodes, dans lesquels Harry et Meghan dénoncent les attaques dont ils ont été victimes après leur mariage.

Sur les relations au sein de la famille royale

La première moitié de la série Harry & Meghan, qui retraçait les premières années de leur relation, contenait peu de critiques à l'encontre du reste de la famille royale. Les derniers épisodes changent quelque peu de ton. Le couple y salue volontiers l'implication du prince Charles dans l'organisation de leur mariage, regardé par des "millions de personnes" à travers le monde. C'est le père du marié, désormais souverain du Royaume-Uni, qui a ainsi choisi l'orchestre pour l'église. Et c'est aussi lui qui a escorté Meghan Markle jusqu'à l'autel, lorsque le père de cette dernière a annoncé qu'il n'assisterait pas aux célébrations.

La duchesse y évoque également sa relation avec la reine Elizabeth II, relatant une journée qu'elles ont passée ensemble à l'occasion d'un événement caritatif. "Je l'ai traitée comme la grand-mère de mon mari. Nous avons beaucoup ri", assure Meghan Markle.

Cette partie du documentaire revient néanmoins très largement sur les dissensions au sein de la famille royale. Les Sussex y affirment que leur popularité croissante a entraîné des tensions avec les autres membres de la monarchie. Leur voyage de 2018 en Australie et en Nouvelle-Zélande, marqué par de nombreux bains de foule, a ainsi été un tournant et le début d'une "campagne" négative des tabloïds à l'encontre de Meghan Markle. "Il y a des fuites, mais il y en a qui sont volontaires", affirme Harry, sous-entendant que l'institution a contribué à certaines de ces révélations.

"Le problème survient lorsqu'une personne qui entre dans cette famille par un mariage, et qui devrait donc occuper un second rôle, vole la vedette (...) à la personne qui est née pour faire ça."

Harry,

dans le documentaire "Harry et Meghan"

Le désir du couple de prendre du recul vis-à-vis de la famille royale, début 2020, a renforcé ces tensions. Harry assure que la fuite de ce projet dans les tabloïds a précipité la rupture avec l'institution. Une réunion a alors été organisée, au Royaume-Uni, pour discuter de l'avenir du couple, en l'absence de Meghan Markle. "Très vite, j'ai compris que l'objectif n'était pas de discuter ou de débattre, raconte le prince. C'était terrifiant de voir mon frère me hurler dessus, mon père dire des choses absolument fausses, et ma grand-mère rester assise en silence."

Il accuse également la famille royale d'avoir publié, sans son accord, un communiqué au nom des deux frères après cette discussion. Pour le duc de Sussex, "il n'y avait plus d'autre option à ce stade" que de "partir"."Le plus triste, c'est que tout cela a provoqué une rupture avec mon frère, qui est désormais du côté de l'institution", conclut Harry.

Sur la santé mentale et la fausse couche de Meghan Markle

Ces dissensions et les attaques répétées des tabloïds contre Meghan Markle ont eu de lourdes conséquences sur la santé mentale de la duchesse. Comme elle l'avait déjà fait dans une interview avec la présentatrice américaine Oprah Winfrey, elle aborde dans ce documentaire la dépression qu'elle a traversée après son mariage. "Je voulais obtenir de l'aide, explique la duchesse. Mais on ne m'y a pas autorisée. Ils s'inquiétaient de l'impact sur l'image de l'institution."

Son époux reconnaît avoir lui-même tardé à saisir la gravité de son état. "J'ai été entraîné à m'inquiéter plus de ce que les gens vont penser, explique-t-il. En y repensant aujourd'hui, je me déteste. Elle avait besoin de bien plus que ce que j'étais capable de lui donner [comme soutien]." Meghan Markle explique en effet avoir été en proie à des idées suicidaires à cette époque. "Je me disais : 'Tout ça s'arrêtera si je ne suis plus là'", témoigne-t-elle.

"Qu'elle ait pensé à disparaître... Ce n'est pas facile à entendre pour une mère. Et je ne pouvais pas la protéger. Harry ne pouvait pas la protéger."

Doria Ragland, mère de Meghan,

dans le documentaire "Harry & Meghan"

Le documentaire révèle également que Meghan Markle a été victime d'une campagne de harcèlement en ligne, s'accompagnant de multiples attaques racistes et de menaces de mort. "Je suis une mère. C'est ma vraie vie, s'émeut-elle. Ce n'est pas juste dans les tabloïds. Ce n'est pas juste un article. Ça me fait peur." "Il faut que la gravité de ce qui lui est arrivé (...), et qui continue de lui arriver, soit reconnue", insiste Harry. Le couple affirme que rien n'a été fait par l'institution pour protéger la duchesse de cette "campagne de haine", notamment alimentée par les tabloïds.

"J'ai compris que je n'étais pas simplement jetée aux loups, on se servait de moi pour nourrir les loups."

Meghan,

dans le documentaire "Harry & Meghan"

Dans ces épisodes, Harry accuse même un tabloïd d'être responsable de la fausse couche de sa femme, en juillet 2020. Les Sussex venaient alors de s'installer dans leur nouvelle maison en Californie, et Meghan Markle était en pleine bataille judiciaire contre le journal britannique Daily Mail. "Est-ce que l'on sait avec certitude que cette fausse couche a été causée par [cette bataille contre le tabloïd] ? Bien sûr que non", reconnaît le prince dans le documentaire. Mais la situation a causé un stress important et une perte de sommeil chez son épouse, souligne-t-il. "De mon point de vue, cette fausse couche a été causée par ce qu'ils essayaient de lui faire."

Sur leur bataille judiciaire contre les tabloïds

Tout comme la première partie, les trois derniers épisodes du documentaire reviennent largement sur les attaques répétées des médias (en particulier les tabloïds britanniques) contre les Sussex. Le couple évoque notamment le procès qui les a opposés à Associated Newspapers, le groupe possédant le Daily Mail. En février 2019, le journal britannique a publié des extraits d'un courrier écrit par Meghan Markle à son père, Thomas Markle. La duchesse lui reprochait de lui avoir "brisé le cœur", en n'assistant pas à son mariage et en parlant à la presse, rappelle le New York Times (lien en anglais).

Selon le couple, l'institution leur a d'abord déconseillé d'entamer des poursuites judiciaires contre le Daily Mail. Mais lorsqu'ils ont finalement pris leurs distances avec la famille royale, en 2020, Meghan et Harry ont décidé d'attaquer le tabloïd pour atteinte à la vie privée. Il a fallu plusieurs mois de bataille juridique, et deux décisions de justice, pour qu'ils obtiennent gain de cause.

Le documentaire accuse par ailleurs la famille royale d'avoir tenté de peser sur cette affaire. Dans le dernier épisode, on apprend qu'un ancien conseiller en communication du palais de Kensington (la résidence où ont un temps habité ensemble les deux frères et leurs épouses) a livré un témoignage favorable au Daily Mail, lors du procès en appel. Une prise de parole qui nécessite, selon les Sussex, le feu vert du prince William. Ce dernier n'a, pas plus que son père Charles III, réagi à la diffusion du documentaire sur Netflix. Interrogé à ce sujet au moment de la sortie des premiers épisodes, le nouveau roi britannique n'a d'ailleurs pas voulu dire s'il comptait regarder Harry & Meghan.