Femen : un nouveau coup d'éclat qui passe mal
Le groupe féministe radical a diffusé, vendredi, une vidéo sur son compte Twitter, où l'on peut voir un prêtre enlevé dans la rue par des Femen. Très vraisemblalement une opération de communication.
Coup de com' spectaculaire ou action radicale ? Les Femen ont diffusé sur leur compte Twitter, vendredi 21 novembre, une vidéo se présentant comme l'enlèvement d'un prêtre par trois militantes aux seins nues. La séquence, qui semble avoir été filmée par une caméra située à une trentaine de mètres de la scène, dure une quarantaine de secondes. On y voit un homme, habillé en prêtre, discuter avec une femme, en face d'une église. Puis, sortant soudain de leur voiture, trois Femen cagoulées lui sautent dessus et le l'emmènent de force dans le véhicule.
Le message qui accompagne la vidéo explique ce geste. "Femen demande l'annulation de la venue du pape le 25 novembre au Parlement européen contre la libération de l'otage. Dieu n'est pas un magicien. Le pape n'est pas un politicien", écrivent celles qui ont été relaxées en septembre pour avoir dégradé une cloche de la cathédrale de Notre-Dame-de-Paris. Les Femen ont également tweeté également après 17 heures une photo du "prêtre" censé être leur otage.
FEMEN demands the cancellation of the Pope's visit to the European Parlement to release the priest. pic.twitter.com/BaYEG6q12R
— FEMEN France (@Femen_France) 21 Novembre 2014
Une scène tournée près d'une église d'Asnières ?
Selon nos informations, aucune paroisse parisienne ne s'est manifestée vendredi soir pour faire état de la disparition d'un curé. L'église visible dans la vidéo ne ressemble par ailleurs à aucun bâtiment de la capitale. Mais selon Rue 89, elle pourrait être celle de Notre-Dame du perpétuel secours à Asnières (Hauts-de-Seine), comme l'a signalé un internaute. "Ridicule : j’y étais, je suis allé les voir : 'C’est un projet étudiant', disent-elles. C’est devant l’Eglise Notre-Dame du perpétuel secours, à Asnières. L’homme déguisé en prêtre avait un accent anglais et s’entendait à merveille avec ces flasques femelles furieuses", explique-t-il.
Enfin, un compte Twitter a relayé l'information en même temps que les Femen, mais ce compte a été créé il y a moins d'un jour, et n'a que huit tweets à son actif. Ce qui laisse penser qu'il a pu être créé par les Femen pour appuyer leur coup de communication.
Des internautes indignés
Très rapidement, des internautes ont mis en doute la véracité des faits. Photos à l'appui, @Fikmonskov montre que l'homme présenté comme un prêtre aurait, en fait,déjà participé à d'autres manifestations aux côtés des Femen, habillé d'un jean et d'un soutien-gorge rose.
Le "prêtre" "enlevé" par les Femen avait manifesté à leurs côtés... en soutien-gorge... #ImposantesGourdes pic.twitter.com/HQrOMT4wtB
— Я Fikmonskov ن (@Fikmonskov) 21 Novembre 2014
La scène diffusée sur les réseaux sociaux a, quoi qu'il en soit, provoqué la colère. De nombreux internautes ont tweeté leur indignation.
Un volontaire pour expliquer à @Femen_France que leur com' est scandaleuse pour les familles d'otages tués? #Femen pic.twitter.com/nssFjsGf1Z
— Gaspard Le Pomellec (@GaspardLP) 21 Novembre 2014
Enlèvement simulé d'un prêtre par les #Femen : à la fois insulte pour les vrais otages et leurs familles,et apologie de la violence > stop !
— Abbé Grosjean ن (@abbegrosjean) 21 Novembre 2014
@Femen_France J'espère vivement que c'est une (très) mauvaise blague. Le compte qui dit avoir vu la scène a été créé il y a quelques heures.
— Caroline Fourest (@CarolineFourest) 21 Novembre 2014
Des poursuites possibles
Interrogée par francetv info, Inna Shevchenko, leader de ce mouvement féministe, a refusé de s'exprimer. Elle assure que d'autres nouvelles seront bientôt mises en ligne par les Femen à ce sujet.
La police, elle aussi, refuse aussi de s'exprimer. Si l'enlèvement se révélait vrai, elles risqueraient jusqu'à 20 ans de prison. S'il était faux, elles pourraient être poursuivies pour "faux", un délit puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende. Encore faut-il qu'une plainte soit engagée ou que le ministère public décide d'engager des poursuites à leur encontre.
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