Féminicide : ce que l'on sait du meurtre d'une adolescente à Creil
Une adolescente de 15 ans a été tuée et brûlée à Creil, dans l'Oise. Son ex-petit ami a été placé en garde à vue et mis en examen.
Tuée puis brûlée alors qu'elle était "vraisemblablement" enceinte. Un mineur de 17 ans a été mis en examen, jeudi 31 octobre, et écroué pour l'assassinat d'une adolescente de 15 ans avec qui il avait eu des relations sexuelles. La jeune fille a été retrouvée morte dimanche à Creil (Oise).
Franceinfo revient sur ce féminicide, le 125e de l'année selon le collectif #NousToutes.
Un corps abandonné dans un cabanon en feu
Le corps de la victime d'origine mauricienne avait été découvert calciné dimanche 27 octobre par des jeunes de son quartier dans les décombres d'un cabanon de jardin incendié, sur lequel les pompiers étaient intervenus vendredi soir. Un couteau a été retrouvé sur place. Déclarée disparue dès samedi par sa famille, qui avait diffusé sur internet un avis de recherche, la jeune fille avait laissé dans sa chambre, selon son frère, un "test de grossesse positif".
S'il n'est "pas scientifiquement établi de manière définitive" que la jeune femme était bien enceinte, cela "semble être le cas" au vu des premières constatations du médecin légiste, a précisé lors d'une conférence de presse, jeudi 31 octobre, le procureur de la République de Senlis, Jean-Baptiste Bladier. Il a indiqué que des analyses étaient en cours et qu'elles pourraient durer "plusieurs semaines". Selon les résultats de l'autopsie, l'adolescente est "décédée avant l'incendie" et son décès est "très vraisemblablement consécutif à (...) deux coups de couteau, administrés au niveau du nombril et du foie", témoignant selon le procureur d'une "volonté de tuer".
Un suspect qui conteste et garde le silence
A la suite des premières constatations et après avoir reçu des témoignages "concordants", les enquêteurs avaient interpellé le suspect mercredi au domicile de sa mère. Appartenant selon le parquet à "l'environnement relationnel de la victime", il a été décrit par au moins l'un des témoins comme un ex-petit ami ou amant.
Lors de sa garde à vue, "ce garçon a soit contesté toute implication dans les faits, soit exercé son droit de garder le silence (...). Il a reconnu avoir côtoyé la jeune fille en août, avoir parlé deux jours avec elle et couché une fois avec elle sans protection", a déclaré le procureur de Senlis, Jean-Baptiste Bladier. D'après les déclarations du mineur mis en cause, "c'est lui qui a mis fin à cette relation", la jeune fille continuant à le "poursuivre" avec "assiduité", a ajouté le magistrat. Le suspect affirme "ne s'être jamais rendu dans le cabanon".
Sur demande du parquet, après "divers éléments graves et concordants", il a été mis en examen pour "meurtre avec préméditation" et "destruction du bien d'autrui par moyen dangereux", a annoncé le procureur dans un communiqué jeudi soir. Présenté à un juge des libertés et de la détention, il a été incarcéré au centre pénitentiaire de Liancourt (Oise) jusqu'au débat contradictoire, dont il a demandé le report et qui aura lieu le 5 novembre, a-t-il précisé.
Des témoignages accablants
Trois témoignages ont notamment retenu l'attention des enquêteurs. L'un d'eux, une "connaissance" du suspect, a affirmé avoir recueilli dès vendredi soir les "confidences précises" du jeune homme, qui lui aurait indiqué "avoir tué sa petite amie parce qu'elle était enceinte". "L'intéressé aurait confié (...) avoir prémédité son acte, avoir administré plusieurs coups de couteau à la victime et avoir mis le feu au corps à l'aide d'une substance inflammable", a détaillé le procureur de Senlis.
La mère de ce témoin a "confirmé, à l'instar de son fils, avoir relevé la présence de traces de sang importantes sur les chaussures du suspect", croisé au cours du week-end. Un autre témoin a enfin vu vendredi "un homme et une femme" pénétrer dans le cabanon. Il a ensuite reconnu le suspect parmi plusieurs photographies.
Les enquêteurs ont aussi relevé des "traces de brûlure récentes" sur une cheville du jeune homme, des "données de téléphonie" suspectes ou encore les "dernières recherches" effectuées sur internet par le suspect, comprenant les mots-clés "meurtre" et "assises". Lors des auditions, les déclarations du garçon mis en cause était "assez confuses" et parfois "contradictoires" avec celles de ses parents, notamment "lorsqu'il s'est agi de préciser le lieu où il avait passé la nuit" de vendredi, a encore indiqué Jean-Baptiste Bladier.
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