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Fusion des régions : des élus dénoncent des choix incohérents

François Hollande a détaillé, lundi soir, les contours de sa réforme territoriale. Le chef de l’Etat propose notamment de ramener le nombre des régions françaises de 22 à 14. Mais ce redécoupage est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique.
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
  (Le redécoupage territorial est loin de faire l'unanimité auprès des élus © Maxppp)

Si on voulait faire échouer cette réforme, on ne s’y prendrait pas mieux. ” Dominique Bussereau, président du conseil général de Charente-Maritime (UMP), ne mâche pas ses mots après l'annonce de François Hollande sur le passage de 22 à 14 régions. Les deux Charentes souhaitaient rejoindre l’Aquitaine, mais le redécoupage territorial prévoit le rattachement de Poitou-Charentes aux régions Limousin et Centre. “C’est faire de la politique politicienne au lieu de faire de l’aménagement du territoire (...) On se donne tous les moyens pour échouer ”, prévient Dominique Bussereau.

03.06.2014 "Si on voulait faire échouer cette réforme, on s'y prendrait pas mieux" - Le président du conseil général de Charente-Maritime Dominique Bussereau

Le président du conseil général de Charente-Maritime n’est pas le seul mécontent. Le sénateur UMP de Loire-Atlantique, André Trillard, militait lui pour une fusion avec la Bretagne, avec qui est déjà engagée une coopération interrégionale, notamment dans les domaines de l’économie, de l’université ou des transports. Finalement, selon la réforme, la région Pays de la Loire restera seule. “Il n’y a aucune base historique ou de qualité des liens dans cette réforme. Cela affaiblit la Loire-Atlantique, qui va devenir la serpillère de la Bretagne ”, s’emporte le sénateur.

"On va devenir la serpillère de la Bretagne" (André Trillard, sénateur UMP de Loire-Atlantique)

Cette opposition à la réforme territoriale agite également le parti de François Hollande. Johanna Rolland, maire PS de Nantes, regrette elle aussi le choix du président de la République de ne pas fusionner Bretagne et Pays de la Loire : “Cela ne correspond pas à la logique de notre territoire aujourd’hui. Nous avons des liens avec la Bretagne ”.

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D’autres voient au contraire dans cette réforme une chance pour leur région. C’est le cas du maire UMP de Perpignan, Jean-Marc Pujol. Selon lui, la fusion entre le Languedoc-Roussillon et la région Midi-Pyrénées permettra la constitution “d’un pays industriel de haut niveau (...) qui mettra un terme à la bureaucratisation des structures ”.

Des régions trop grandes ?

Les politiques n’ont pas été les seuls à réagir à l’annonce de François Hollande. Certains spécialistes s’inquiètent ainsi des choix proposés par le président de la République. “Toutes les réussites économiques de ces dernières années en France sont le fait de personnes attachées à leur identité régionale. Or comment voulez-vous maintenir ce sentiment d’appartenance pour des gens désormais rattaché à des régions trop grandes ”, s’interroge Gérard-François Dumont, démographe, géographe et économiste.

Mettre ensemble certaines régions est très surprenant. Notamment en matière de bassins d’emplois. On ne comprend pas la logique de ces regroupements ”, explique de son côté Laurent Bouvet, professeur de Sciences politiques à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

Ce redécoupage n’est qu’une première étape ”, tempère Jean-François Macaire, le président de la région Poitou-Charentes. La carte présentée par l'Elysée est à présent "entre les mains du parlement, or il peut y avoir des amendements et évolutions aux lois qui sont présentées par le gouvernement ".

 

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