"Au revoir là-haut" : adapter un best-seller au cinéma, le pari risqué mais réussi d'Albert Dupontel
Le dernier film d'Albert Dupontel "Au revoir là-haut" sort dans les salles ce mercredi 25 octobre. C'est l'adaptation d'un gros roman à succès. Mission réussie, pour le spécialiste cinéma de franceinfo.
Au départ, c'est un roman foisonnant de 600 pages, écrit par Pierre Lemaitre et prix Goncourt 2013. "Au revoir là-haut" se décline désormais au cinéma, sous la réalisation d'Albert Dupontel. Il raconte la même histoire, mais différemment ; un pari risqué, mais réussi selon Thierry Fiorile, spécialiste cinéma de franceinfo.
Deux rescapés de la Grande Guerre de 14-18 montent une arnaque aux monuments aux morts. Face à la folie meurtrière des puissants, c'est la revanche des petits. Le film prend des libertés narratives par rapport au roman, mais il garde l'esprit de Pierre Lemaitre, grand raconteur d'histoires, entre Dumas et Céline. Homme en colère, également, tout comme Albert Dupontel : "Ce n'est pas de la colère, c'est de la lucidité. Il y a 100 ans c'était encore plus flagrant qu'aujourd'hui. Ces jeunes gars, français, anglais, allemands qui se sont entre-tués. On leur a inculqué des valeurs fictives, fausses, inventées, comme la patrie, la nation. Donc ils étaient parfaitement disponibles pour devenir de la chair à canon. C'est ça qui est très pervers, dans le système tel qu'il était il y a 100 ans. Mais malheureusement je crois que ça pourrait revenir très vite", juge le réalisateur.
L'univers coloré et nerveux d'Albert Dupontel colle au récit. "Pierre Lemaitre passait son temps à me dire 'c'est ton film, mon grand', c'était sa grande phrase. Donc j'avais une liberté par rapport à ça. J'avais un grand auteur qui se penchait de temps en temps sur mon épaule et qui corrigeait quelques fautes mais qui me disait de continuer. C'était très agréable !"
J'ai vu tous ses films, je m'y reconnais bien.
Pierre Lemaitre, à propos d'Albert Dupontelà franceinfo
Les deux hommes se sont donc retrouvés autour de mêmes valeurs. "Il m'a semblé que nous avions quelque chose de commun dans notre univers", raconte Pierre Lemaitre. "Un univers à la fois assez noir, assez caustique et aussi assez drôle. Alors moi, je suis moins drôle, moins caustique, moins un peu tout, mais n'empêche qu'il y a un lien de familiarité. De fait ça a bien fonctionné. L'idée, c'est que notre univers n'était pas si loin l'un de l'autre. La grande différence c'est que lui travaille sur la rébellion et moi sur la revanche, mais au fond, c'est un peu la même nature de passion".
Un casting cinq étoiles
La plus belle performance, c'est celle de Nahuel Perez Biscayart, découvert dans "120 battements par minute". Il joue cet ancien combattant au visage massacré, derrière des masques, quasiment sans voix, mais d'un regard, d'un mouvement, il exprime toutes les émotions. "C'est un gamin effectivement très très doué", glisse Albert Dupontel à propos de l'acteur. "Je ne vous cache pas qu'on a beaucoup travaillé, mais il était disponible pour ce travail-là et puis il s'est amusé lui aussi, je pense, avec ces masques, avec cette voix détruite, avec cette façon de bouger. Il avait déjà toutes ces qualités là quand je l'ai rencontré, notamment sa façon de bouger, ses yeux, j'ai tout de suite repéré ça au casting. Et après, il est rentré dans l'organisation de ce film avec beaucoup de professionnalisme et de rigueur. Il a amplifié le personnage d'Edouard Péricourt."
Nahuel Perez Biscayart a une sensibilité très forte
Albert Dupontelà franceinfo
Certains préféreront la fin du livre à celle du film, mais la force des personnages est bien là : Albert Dupontel dans le rôle de l'ami fidèle, Laurent Laffitte joue le méchant officier puis affairiste et Niels Arestrup, idéal pour incarner le père d'Edouard Péricourt.
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