Démission du directeur de Sciences Po Paris : "C'est un soulagement", explique le président de l'UNEF Sciences Po
Le président de l'UNEF Sciences Po Paris, Thomas Le Corre, attendait la démission de Frédéric Mion, le directeur de l'IEP de Paris, après la polémique dans l'affaire Olivier Duhamel.
Le directeur de Sciences Po Paris, sous pression depuis le mois de janvier car il avait connaissance des agissements incestueux du politologue Olivier Duhamel, a donné sa démission mardi 9 février. Invité de franceinfo, Thomas Le Corre, étudiant et président de l'UNEF Sciences Po Paris, réagit à la démission de Frédéric Mion. "C'est un soulagement, (...) le fait de ne pas avoir démissionné plus tôt, de nous avoir menti à plusieurs reprises, cela fragilise encore plus la communauté étudiante", estime Thomas Le Corre.
franceinfo : À la suite de la démission de Frédéric Mion, êtes-vous soulagé ?
Thomas Le Corre : C'est un soulagement. Avec la communauté étudiante, cela fait plusieurs semaines qu'on lutte à travers des rassemblements, des pétitions, des motions dans les conseils pour demander la démission de notre ancien directeur.
Auriez-vous aimé que Frédéric Mion démissionne par lui-même, et non pas suite à cette enquête déclenchée par le ministère ?
En tout cas, c'est ce qu'on lui avait demandé. Pour nous, les faits qui lui sont reprochés étaient déjà largement suffisants pour aller vers une démission. Parce que là, le fait d'avoir attendu aussi longtemps ça met en porte-à-faux Sciences Po et en particulier la communauté étudiante qui n'y peut rien, qui subit cette crise. Donc oui, le fait de ne pas avoir démissionné, de nous avoir menti à plusieurs reprises, le fait qu'il y a des non-dits à Sciences Po, c'est sûr que cela fragilise encore plus la communauté étudiante.
Vous serez évidemment vigilants à la nomination du prochain directeur de Sciences Po ?
La démission de Frédéric Mion, ce n'est qu'une première étape. Là, c'est sûr qu'on se retrouve dans un navire sans capitaine, mais on ne sait pas exactement qui va se passer, quel administrateur provisoire va être nommé. On va rentrer dans un contexte d'élections, alors même que l'institution rencontre une période très compliquée depuis la crise sanitaire. En tant que représentant étudiant, on va batailler pour avoir une gouvernance stable, pour aborder le problème absolument fondamental des violences sexistes et sexuelles, qui a été mis sous le tapis pendant trop longtemps.
Un nouveau hashtag apparaît sur les réseaux sociaux, "#SciencesPorc", où des femmes racontent avoir été victimes de viols et d'agressions sexuelles dans les instituts d'études politiques (IEP). Quel est votre ressenti ?
Malheureusement, on n'est pas vraiment étonné parce que cela fait des années que les syndicats alertent sur le fait qu'aujourd'hui aujourd'hui, être victime d'agression sexuelle ou de viol dans un IEP n'est pas forcément pouvoir être entendu par la direction, par les différentes composantes de l'organe de l'administration. Et c'est absolument gravissime. C'est pour cela qu'il faut réformer notre manière d'accueillir la parole et de punir les agresseurs. Après, il ne faut pas non plus mettre dans le même paquet tous les IEP, puisque chacun a ses politiques particulières (...). Mais c'est vrai que globalement, ce problème traverse tous les IEP.
Ce sera l'un des sujets que devra traiter le successeur de Frédéric Mion ?
C'est même le sujet numéro un. Alors, certes, on traverse une crise de gouvernance et crise sanitaire. Vous avez des enjeux de court terme qui sont très importants. Mais c'est vrai que nous, c'est ce sur quoi, en tant qu'élus étudiants, on va vraiment insister. Les problèmes de violences sexistes et sexuelles ont trop duré. Il faut absolument réformer la cellule de veille, la gouvernance pour éviter ce qui s'est produit, c'est-à-dire qu'un directeur ou une personne de l'administration puisse pouvoir se taire. Il faut absolument réussir à mettre fin grâce à une réforme à tous ces agissements.
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