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Damien Abad, le nouveau ministre des Solidarités, accusé de viol par deux femmes

Les faits présumés datent de 2010 et 2011. Une femme a témoigné auprès de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique. L'autre a porté plainte en 2017.

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Damien Abad, le 3 mai 2022, à Paris.  (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Avis de gros temps sur le gouvernement d'Elisabeth Borne. Damien Abad, l'ancien président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, tout juste nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, est accusé de viol par deux femmes pour des faits présumés datant de 2010 et 2011, a révélé Mediapart (article payant) samedi 21 mai. L'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique confirme auprès de franceinfo avoir adressé un "signalement par mail" à La République en marche et aux Républicains au sujet de ces accusations.

LREM et LR ont été alertés

L'une des deux femmes accusant l'élu a adressé une lettre à l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique le 13 mai, dans laquelle elle "souhaite témoigner des faits de viol concernant Damien Abad, député LR de l'Ain, pressenti pour rejoindre le gouvernement, et investi par Renaissance dans l'Ain." L'organisme a par la suite, à la demande de cette femme, envoyé son témoignage aux directions de LREM et LR.

"Nous avons transmis le signalement par mail à Stanislas Guerini, Christophe Castaner, Bérangère Couillard et Aurélien Pradié."

L'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique

à franceinfo

Un signalement envoyé le lundi 16 mai, suivi d'une relance "le 19 pour LREM et le 20 pour LR", ajoute l'organisme. Un courrier a également été adressé à la procureure de la République, assure de son côté Mediapart.

Un élu décrit comme "très insistant" 

Cette femme ayant témoigné auprès de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique assure auprès de Mediapart avoir retrouvé Damien Abad dans un restaurant et un bar parisien un soir en 2010, après fait connaissance au mariage d'amis en commun quelques mois plus tôt. 

"Il propose du champagne, j’ai bu une coupe. Et là, black-out, jusqu’au lendemain matin. Ça ne m’était jamais arrivé, surtout pas après un seul verre."

Une femme accusant Damien Abad de viol

à Mediapart

Elle relate s'être réveillée le lendemain matin "dans une chambre d’hôtel proche du bar" avec Damien Abad, "en sous-vêtements", "en état de choc et de dégoût profond", et craint avoir été "droguée"

Selon les informations de Mediapart, une femme a également porté plainte pour "viol" en 2017 à l'encontre du député. Après plusieurs mois d'échanges par messages avec l'élu, qu'elle dépeint comme "très insistant", elle assure avoir vécu une relation sexuelle empreinte "d'irrespect, d'injonction et d'insistance", puis avoir subi une pénétration anale imposée, malgré un refus prononcé de manière "affirmée" et "à plusieurs reprises". Dans Mediapart, elle accuse également le nouveau ministre d'avoir "réclamé une fellation". L'enquête sur ces faits présumés a été classée sans suite. 

Le ministre conteste ces accusations 

Contacté par Mediapart, Damien Abad conteste formellement les faits et tient "à affirmer avec force que les relations sexuelles que j’ai pu avoir ont toujours reposé sur le principe du consentement mutuel". Le ministre assure n'avoir "évidemment jamais drogué qui que ce soit" ni "jamais accompagné de femme sans son consentement". Au sujet de la plainte dont il a fait l'objet, il affirme auprès du site d'investigation qu'il lui est "impossible physiquement de commettre les actes décrits" en raison de son handicap. Au cours de l'enquête, l'élu a décrit une relation "consentie", assurant qu'il n'y avait eu "ni violence, ni agressivité, ni une quelconque contrainte morale". Damien Abad a concédé d'éventuelles "demandes de [sa] part" au cours du rapport, mais "à aucun moment de contrainte physique ou morale".

Selon les informations de Mediapart, le signalement adressé aux deux partis n'a pas reçu de réponse à ce stade. Le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, Christophe Castaner, affirme auprès de Mediapart n'avoir "rien reçu" et avoir informé le parquet à la suite des questions du site d'information. Stanislas Guerini, le délégué général de La République en marche assure quand à lui avoir pris connaissance du courriel de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique samedi dans la matinée, après avoir été interrogé par Mediapart. Du côté des Républicains, le secrétaire général du parti, Aurélien Pradié, répond à Mediapart qu'il n'a pas "consulté la boîte mail sur laquelle cette alerte lui a été adressée". Il évoque néanmoins une confrontation en 2020 avec Damien Abad, à la suite de témoignages "de comportements inappropriés qu’il aurait eus avec des collaboratrices". 

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