Iran : "Les forces de sécurité ont eu recours au viol et à d'autres formes de violences sexuelles pour écraser le soulèvement" en 2022, selon un rapport d'Amnesty International

Après la mort de Mahsa Amini à la suite de son arrestation en Iran à l'automne 2022, des manifestations ont éclaté dans tout le pays. Ce soulèvement a été réprimé aussi par des viols, commis notamment par "des membres des Pasdaran (gardiens de la révolution)", d'après Amnesty International, dans un rapport publié mercredi.
Article rédigé par franceinfo
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Une manifestation à Téhéran, en Iran, le 26 octobre 2022, après la mort de Mahsa Amini. (ANONYMOUS / MIDDLE EAST IMAGES)

Les forces de sécurité iraniennes ont recouru "au viol et à d’autres formes de violences sexuelles pour écraser le soulèvement 'Femme, vie, liberté'" l'année dernière, relève Amnesty International dans un rapport publié mercredi 6 décembre et que franceinfo a pu consulter. Cette enquête décrit "les terribles épreuves traversées par 45 personnes, parmi lesquelles 26 hommes, 12 femmes et sept mineurs". Ces personnes "ont subi des viols, des viols collectifs et/ou d’autres formes de violences sexuelles aux mains des services de renseignement et des forces de sécurité, après avoir été arrêtées".

En tout, "16 des 45 victimes dont le cas a été présenté dans le rapport ont été violées. On retrouve parmi elles six femmes, sept hommes, une jeune fille de 14 ans et deux garçons de 16 et 17 ans", détaille Amnesty International. "Six de ces personnes - quatre femmes et deux hommes - ont subi des viols collectifs perpétrés par un nombre d’agents masculins ayant pu aller jusqu’à 10".

À ce jour, les autorités iraniennes "n’ont pas inculpé ni poursuivi le moindre représentant de l’État pour les viols et autres violences sexuelles recensés dans le rapport", dénonce l'ONG. Le rapport révèle "que les auteurs de ces viols et autres formes de violences sexuelles sont des membres des Pasdaran (gardiens de la révolution), de la force paramilitaire Bassidj et du ministère du Renseignement".  

Pas de réponse des autorités iraniennes

Parmi ces victimes, on trouve notamment "des femmes et des filles qui avaient retiré leur voile, bravant l’interdiction en la matière, ainsi que des hommes et des garçons qui étaient descendus" manifester dans la rue contre le régime iranien après la mort de Mahsa Amini. Cette étudiante d'origine kurde de 22 ans est décédée le 16 septembre 2022 à la suite de son arrestation pour non-respect du code vestimentaire. Amnesty International indique avoir fait "part de ses conclusions aux autorités iraniennes le 24 novembre, mais n’a reçu aucune réponse à ce jour".

 L'ONG accuse des représentants de l’État iranien d'avoir "violé les femmes et les filles par voie vaginale, anale et orale, tandis que les hommes et les garçons ont été violés par voie anale". Des fonctionnaires "ont violé les victimes avec des matraques en bois et en métal, des bouteilles de verre, des tuyaux, et/ou avec leurs doigts et organes génitaux". Les viols et autres violences sexuelles ont souvent été "accompagnés d’autres formes de torture et de mauvais traitements, notamment des passages à tabac, des flagellations, des décharges électriques" et les "forces de sécurité ont par ailleurs systématiquement refusé que les victimes reçoivent des soins médicaux, y compris pour des blessures liées à des viols", rapporte Amnesty International. 

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