Cet article date de plus d'un an.

"Je ne suis pas un prédateur" : ce qu'a dit Bruno Martini, condamné pour corruption de mineur et pédopornographie, face aux juges

Le désormais ex-président de la Ligue nationale de handball a été condamné à un an de prison avec sursis et 2 500 euros d'amende pour corruption de mineur et enregistrement d'images pédopornographiques.
Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Bruno Martini, l'ancien gardien de l'équipe de France et ancien président de la Ligue de handball, en 2014. (ISA HARSIN / SIPA)

Après 48 heures de garde à vue, l'ancien international français de handball Bruno Martini a finalement quitté son poste de président de la Ligue nationale, après avoir été condamné mercredi à un an de prison avec sursis et 2 500 euros d'amende pour "corruption de mineur" et "enregistrement d'images pédopornographiques", ainsi que cinq ans d'interdiction d'exercer une activité impliquant un contact avec des mineurs. Cette peine a été validée au cours d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), une audience de "plaider coupable", une procédure allégée pour l'ex-gardien champion du monde des Bleus en 1995 et 2001. C'est un procureur qui a proposé cette condamnation à Bruno Martini. Sans cela, la peine encourue était de cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.

>> Bruno Martini condamné pour "corruption de mineur" : "Tout le sport a ce devoir d'exemplarité et d'honorabilité", estime le président de la Fédération française de handball

"J'ignorais son âge"

Visé par une enquête préliminaire, Bruno Martini faisait l'objet d'une plainte d'un adolescent de 13 ans depuis l'été 2020, comme l'a révélé franceinfo ce mercredi matin. Ce garçon avait expliqué à la police avoir échangé des selfies et vidéos à caractère sexuel avec un certain "Daddy" sur le réseau social Snapchat. Le suspect lui avait même proposé un rendez-vous et payé un taxi avant que l'adolescent ne rebrousse chemin au dernier moment. Les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs ont fini par découvrir Bruno Martini derrière le pseudo "Daddy". En garde à vue, l'ancien gardien des Bleus a reconnu avoir approché le jeune garçon et expliqué avoir eu plusieurs contacts intimes en ligne avec de jeunes adultes ces dernières années. Il assure avoir cru que l'adolescent avait plus de 15 ans malgré son visage juvénile sur les photos.

Mercredi 25 janvier, à l'audience, dans le box vitré, l'homme de 52 ans, colosse de 1,97 m, semble comme à genoux, sonné. Derrière sa barbe poivre et sel et son manteau gris, ses traits sont tirés. Puis, parfois, il fond en larmes face aux juges. Le président lui demande : "Vous reconnaissez donc les échanges de messages et images sexuels avec un mineur ?" "Oui, répond tête baissée l'ancien champion, mais j'ignorais son âge. Ça n'excuse pas, mais je ne suis pas un prédateur", glisse-t-il.  

"Vous n'imaginez pas quelle est ma honte d'entraîner le monde du handball dans tout ceci"

Malgré le visage juvénile sur les clichés échangés sur Snapchat, les policiers n'ont pas trouvé d'éléments qui auraient prouvé que Bruno Martini savait que le garçon avait 13 ans. Le président à l'audience a cherché à faire réagir Bruno Martini : "Quelle est votre profession, monsieur ?" "Conseiller pour les entreprises", répond l'intéressé. "Oui, enfin, vous êtes surtout président de la Ligue nationale de handball", s'agace le magistrat. Avant d'ajouter que cela "n'est pas du meilleur effet dans les milieux sportifs". L'ex-gardien des "Barjots" lâche immédiatement : "Vous n'imaginez pas quelle est ma honte d'entraîner le monde du handball dans tout ceci". 

Avant même l'issue judiciaire, les dirigeants de la LNH avaient appelé Bruno Martini à une rapide démission, se disant prêts dans le cas contraire à "rendre leur mandat pour entraîner l'organisation de nouvelles élections et la fin des fonctions du président". L'ex-gardien de l'équipe de France a, peu après cet appel, présenté sa démission "avec effet immédiat".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.