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"Ligue du LOL", Vice, HuffPost... Plusieurs cas de harcèlement et de discrimination révélés dans les médias

Après les révélations de "Libération" sur la "Ligue du LOL", de nombreuses victimes ont commencé à faire part de comportements sexistes et discriminatoires au sein de leurs rédactions.

Article rédigé par franceinfo
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Image d'illustration avec le logo du réseau social Twitter. (JAAP ARRIENS / NURPHOTO / AFP)

L'introspection se poursuit dans plusieurs médias français. Au tournant des années 2010, d'influents utilisateurs des réseaux sociaux, dont de nombreux journalistes, ont mené des campagnes de harcèlement, notamment contre des femmes et des figures féministes. Le quotidien Libération a révélé début février les agissements de cette "Ligue du LOL" dans un article qui a suscité à son tour de multiples témoignages de victimes durant cette période. Ceux-ci ont ensuite fait boule de neige et plusieurs cas de harcèlement ou de discrimination ont été cités dans les médias.

L'enquête participative #EntenduALaRédac, lancée sur internet par les collectifs de journalistes Prenons la une, #NousToutes et Paye ton Journal révèle, jeudi 7 mars, l'ampleur du sexisme et des violences sexuelles dans les rédactions françaises. Voici une liste (non exhaustive) des histoires exposées ces dernières semaines.

Le harcèlement de la "Ligue du LOL"

Au tournant des années 2010, une poignée d'utilisateurs influents des réseaux sociaux, appartenant à un groupe privé Facebook appelé la "Ligue du LOL", ont profité de leur notoriété pour harceler des femmes. Le 8 février, un article de Checknews, le site de fact-checking de Libération, s'est penché sur la période, livrant des révélations sur les agissements de cette trentaine de personnes qui ont épousé, pour l'essentiel, des carrières journalistiques.

De nombreuses personnes ont alors décidé de sortir du silence pour décrire le harcèlement dont elles ont été victimes, notamment des femmes et des militantes féministes. "Ça a commencé par des tweets malveillants, injurieux, insultants, de manière ciblée et répétée, explique notamment la youtubeuse scientifique Florence Porcel à franceinfo. Ensuite il y a eu des photomontages à caractère pornographique."

>> ENQUETE FRANCEINFO. "La Ligue du LOL" : comment un groupe Facebook créé "pour s'amuser" s'est transformé en machine à humilier

Après "une enquête interne approfondie", le journal Libération a annoncé, lundi 4 mars, le licenciement d'A. H., rédacteur en chef adjoint de son site internet. Libération a également décidé de se séparer de Vincent Glad, fondateur de "La Ligue du LOL", qui avait le statut de pigiste. "La direction n'avait d'autre choix, dans la mesure où les faits rendus publics à cette occasion, qui ont causé des dommages graves à plusieurs personnes, se situent à l'exact opposé des valeurs que le journal défend depuis sa fondation, créant un trouble grave et caractérisé pour Libération", précise le communiqué du journal.

Une ambiance toxique aux "Inrocks"

En ce qui concerne Les Inrocks, D. D., rédacteur en chef, et François-Luc D., rédacteur en chef adjoint, tous deux membres de "La Ligue du LOL", ont été avisés de leur licenciement début mars. La direction des Inrocks justifie ces licenciements par l'impact négatif sur "l'image" du journal et par la "crédibilité journalistique" des deux intéressés au sein de la rédaction. 

Par ailleurs, la direction reproche à ses deux employés des comportements non professionnels dans l'exercice de leur fonction hiérarchique. Les méthodes de "La Ligue du LOL" semblent avoir été importées au sein de la rédaction. De nombreux agissements ont notamment été détaillés dans un article de Mediapart (article payant).

De nombreux témoignages font état de la main mise d'un petit groupe qui n'hésitait pas à envoyer des piques répétées à certains sur leur physique. Une ancienne salariée raconte avoir été victime de photomontages. Beaucoup dénoncent une ambiance nocive et de "flicage", avec notamment la dissimulation d'une caméra miniature. Des anciennes stagiaires ont également confié une ambiance oppressante. L'une d'elles évoque l'envoi de nombreux messages hors contexte professionnel, avec des remarques sur ses tenues.

Un channel de discussion sexiste au HuffPost

Trois journalistes du HuffPost.fr ont été licenciés à l'automne dernier pour des propos discriminatoires. Certains collaborateurs avaient créé une chaîne dédiée sur la messagerie professionnelle Slack utilisée dans la rédaction. Les échanges ont donné lieu à des propos sexistes, racistes et homophobes, selon les informations de Libération, dans un article publié lundi 11 février. Il ne s'agit pas d'une affaire de harcèlement comme dans le cas de la "Ligue du LOL".

Nommé "Radio Bière Foot", cet espace de discussions avait été lancé il y a plus de deux ans pour parler de foot et rédiger des blagues, d'après un ancien délégué du personnel. Une quinzaine de journalistes masculins sur la vingtaine que compte le site web avaient rejoint cette chaîne. "Il y a eu de plus en plus de propos virulents et des personnes sur qui ça devenait très fort et très régulièrement", explique l'un d'eux à Libération. Une collègue a eu accès à ces échanges sur un ordinateur partagé par plusieurs personnes, car le dernier utilisateur avait oublié de se déconnecter.

Une journaliste dit avoir été "détruite psychologiquement" et avoir fait une tentative de suicide ; d'autres sont toujours en arrêt maladie. Une douzaine de femmes ont finalement fait remonter l'information à la direction, sans en aviser leurs collègues concernés. Une enquête a alors été lancée et le président du directoire du groupe, Louis Dreyfus, a rédigé un courrier à l'attention des salariés pour faire le point sur la situation. Trois personnes ont finalement été licenciées début décembre. L'un d'eux a demandé à son avocate de saisir le conseil des prud'hommes.

La "culture discriminante" à Vice

Des faits similaires se sont également produits au sein de la rédaction du site Vice.fr, selon les informations de L'Express. A l'été 2017, les salariées sont reçues par la nouvelle directrice des ressources humaines et dénoncent "une culture discriminante" au sein de l'entreprise, en rapportant des faits précis et en fournissant le nom de leurs collègues concernés. Certaines remarques sexistes sont publiques mais d'autres insultes sont rédigées dans un groupe de messagerie privée regroupant sept personnes, nommé "Les Darons" puis rebaptisé "Townhall".

"Coquine", "salopes", "souillées"... Au mois de juin, une journaliste avait surpris une conversation sur un écran, alors qu'un collègue avait quitté son poste sans refermer la page. "[Ils] insultent à longueur de journée nos collègues et mon équipe, explique-t-elle à L'Express. Nos moindres faits et gestes y sont recensés et systématiquement tournés en dérision ou sur-sexualisés !" Les premières plaintes d'agissements sexistes sont adressées à la direction.

Deux salariés ont été licenciés dès le mois de juillet. Dans la lettre écrite à l'un d'entre eux, la direction soulignait que ses collègues avaient "à subir quotidiennement des remarques désobligeantes et humiliantes, que ce soit sur la qualité de leur travail, le fait que ce soient des femmes ou parfois même sur leurs orientations sexuelles". Par ailleurs, des procédures ont été entamées contre les cinq autres membres du groupe.

Des plaintes au "Monde" pour harcèlement sexuel

Huit femmes ont déposé plainte, mercredi 6 mars, pour "harcèlement sexuel" et "violences psychologiques" contre un journaliste du Monde. Les plaignantes, des attachées de presse pour la plupart, l'accusent de leur avoir envoyé des photos de nu en 2016 et 2017. 

Le journaliste, dont elles ne révèlent pas le nom, a été mis à pied à titre conservatoire, a indiqué la direction du journal dans un communiqué. La famille du journaliste a précisé à Libération et à 20 Minutes que ce dernier était atteint d'une maladie neurodégénérative et sous traitement depuis plusieurs années.

Selon Le Monde, il est "hospitalisé depuis plusieurs semaines" et n'a "pas encore pu être entendu pour répondre à ces allégations de faits graves et répétés""Il existe une forte présomption à l'égard du traitement médicamenteux suivi par le salarié et qui pourrait être la cause de tout ou partie de ses agissements", a précisé le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, à 20 Minutes. "C'est poussé par l'action de ces substances qu'il a envoyé ces messages inappropriés à plusieurs femmes", a écrit sa compagne dans un courriel transmis à Libération.

Des plaintes pour harcèlement à Europe 1

Le responsable des jeux d'Europe 1, accusé de harcèlement moral et sexuel, doit comparaître le 7 mai prochain devant le tribunal correctionnel de Paris, selon des informations du Parisien et la Lettre A. Cinq plaintes de salariées ont été déposées à son encontre entre avril et juillet dernier, pour des faits situés entre le 1er août 2013 et le 3 juillet 2018.

Le collaborateur d'Europe 1, délégué syndical dans l'entreprise, est notamment soupçonné d'avoir injurié une "employée de couleur chargée du planning radio", relaie Le Parisien, qui a pu consulter l'avis d'audience. Il aurait notamment confié à la plaignante que "les Noirs ne savaient rien faire, qu'ils allaient tous mourir avec Ebola", ajoute le quotidien. Il lui aurait aussi adressé des SMS malveillants. Il est par ailleurs soupçonné d'avoir tenu de "façon répétée des propos à connotation sexuelle" à l'encontre d'une chargée des ressources humaines

Des accusations que rejette en bloc le salarié, qui a porté plainte pour "harcèlement moral" et "discrimination". "Une plainte antérieure à son renvoi en correctionnel", précise au Parisien son avocat Antoine Maisonneuve. Selon lui, "son client considère que la direction d'Europe 1 a manipulé certains salariés qui ont porté plainte contre lui", ajoute le quotidien.

Par ailleurs, la station de radio a effectué une demande de licenciement pour motif disciplinaire auprès du ministère du Travail. Un licenciement refusé par l'Inspection du travail. "L'inspectrice du travail a pris une décision incompréhensible. C'est une double peine pour ces salariées qui, victimes de harcèlement, sont désormais traitées d'affabulatrices, sans compter qu'elles croisent dans les couloirs le regard moqueur de celui qu'elles ont accusé", a réagi auprès du quotidien Thierry Romand, l'avocat d'Europe 1.

Des comportements déplacés et misogynes à RMC

Un cadre de la radio RMC, du groupe NextRadioTV, a été poussé vers la sortie en décembre dernier, après les témoignages de plusieurs salariées ou ex-salariées auprès de la direction, portant sur des comportements déplacés et sexistes, rapporte Streetpress, mercredi 6 mars. 

Les faits remontent à sept ans. Les journalistes rapportent avoir reçu, alors qu'elles débutaient leurs carrières, des mails tendancieux durant plusieurs semaines, ainsi que de nombreuses invitations en dehors des heures de travail. Elles confient aussi avoir dû subir des regards graveleux. En 2011, le collaborateur en question quitte RMC. Mais il est réembauché en octobre 2018. Les journalistes, victimes de ces agissements, décident alors de saisir les syndicats et d'alerter la DRH. Au départ, on leur réplique qu'elles n'ont pas de preuves.

Avec l'aide des syndicats, les journalistes commencent à réunir témoignages et preuves, comme des captures écran. Une nouvelle réunion a finalement lieu avec la DRH. Pour les soutenir, des membres de la rédaction décident d'écrire une lettre signée par une soixantaine de journalistes. Le lendemain, la rédaction est informée que le cadre, toujours en période d'essai, quitte l'entreprise pour "des raisons personnelles".

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