: Reportage Violences sexuelles sur des enfants : cette association propose des formations pour reconnaître les "signaux presque imperceptibles" des victimes
L’étape dijonnaise de l’association BeBraveFrance commence par une pièce de théâtre. Deux comédiens de l'association Aperto, sur la scène d'une petite salle polyvalente, racontent avec leurs mots et leurs instruments, le récit glaçant des viols dont ils ont été victimes enfants. "Je ne peux pas dire ce qu’il s’est passé après. Je ne m’en souviens plus. Mais la vie a repris son cours. Une vie normale...", glisse l'un d'eux.
Le témoignage artistique pose les bases de la discussion provoquée par le mouvement de survivants de violences sexuelles faites aux enfants, d'abord en table ouverte, puis en petits groupes. Sont réunis des professionnels de la petite enfance, des membres d'associations, des gendarmes, des avocats, des magistrats... "Il est clair que, quand on n’a pas décrypté les signaux de la violence, on ne va pas la voir. Les signaux des enfants sont des signaux presque imperceptibles, donc il faut vraiment être très à l’écoute", met en avant une personne.
Stéphanie Vuilquez, thérapeute, connaît ces signaux faibles des victimes et aide à éclairer les débats.
"Un enfant victime va peut-être avoir des troubles du comportement, être agité en classe ou peut-être être dans des formes d’hypersexualité, montrer son sexe ou essayer de toucher celui des autres."
Stéphanie Vuilquez, thérapeuteà franceinfo
La pluridisciplinarité représentée dans les échanges est très appréciée par Aurélien, un participant de 32 ans, victime. "Ce modèle de débat collectif permet de réfléchir, de poser aussi des questionnements. Comment on peut mieux faire ? Qu’est-ce qu’on peut faire à titre individuel pour faire bouger les choses ?" Le gouvernement entend s’inspirer de ce genre d’initiative lancée par les associations pour le nouveau plan de lutte contre les violences faites aux enfants, dont les grandes lignes doivent être présentées mercredi 7 juin en Conseil des ministres, par Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, et Charlotte Caubel, secrétaire d'État chargée de l'Enfance. L’accent doit être mis notamment sur la formation pour aider les professionnels de l'enfance à repérer ces violences.
Arnaud Gallais, co-fondateur de BeBrave, victime et membre de la Ciivise, est content de voir le gouvernement s'emparer du sujet, mais il voudrait que ça aille plus loin. "Il faut bien se rendre compte qu’on parle aujourd’hui de 160 000 enfants victimes, chaque année, de violences sexuelles. Si on veut sauver des enfants, il faut mettre les moyens. Il ne s’agit peut-être pas de grand-chose. Il s’agit d’identifier ni plus ni moins les lieux où les enfants vont et se dire qu’on a vraiment une obligation de résultats dans ces lieux. Ça suffit de tergiverser ! Tout le monde aujourd’hui s’est mis à hauteur d’enfant et c’est ce que je conseillerais au gouvernement."
Après Dijon, Arnaud Gallais compte poursuivre ses formations dans plus de 30 villes dans toute la France.
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