Revenge porn : il faut "déposer plainte", incite une avocate
Le revenge porn "touche beaucoup les jeunes filles", a indiqué mercredi 28 juin sur franceinfo Sylvie Jonas avocate, experte en nouvelles technologies, données à caractères personnels et en cybersécurité alors que comparaissent Piotr Pavlenski et sa compagne Alexandra de Taddeo, pour atteinte à l'intimité de la vie privée. Ils sont soupçonnés d'être à l'origine de la diffusion de vidéos à caractère sexuel impliquant Benjamin Griveaux en pleine campagne municipale à Paris. Selon l'avocate, il est important de "repositionner la victime dans son rôle de victime pour que la honte ne soit pas sur elle". Sylvie Jonas souligne qu'il est parfois difficile de "retrouver les auteurs" d'un revenge porn. "Mais si c'est le cas, la procédure peut aller jusqu'au bout", c'est pourquoi il faut "déposer plainte", explique-t-elle.
franceinfo : Qu’est-ce qui est le plus difficile à vivre pour les victimes ?
Sylvie Jonas : Pour la victime, c'est le choc de voir qu'une image ou un son qu’on pensait dans la sphère strictement privée et personnelle se trouve dévoilée. Le plus difficile, c'est les conséquences sur sa vie professionnelle, sur sa vie au lycée, au collège, le repli sur soi, l'humiliation, voire le suicide. Il faut repositionner la victime dans son rôle de victime pour que la honte ne soit pas sur elle.
C’est un phénomène qui touche beaucoup les jeunes ?
Ça touche beaucoup les jeunes filles. Il y a eu un phénomène il y a quelques années, qui était : "Se taper l’affiche". Il y avait des comptes qui étaient créés par des personnes, en associant un numéro de département. On demandait aux personnes qui étaient en possession d’images à caractère sexuel qui représentaient des tiers de les mettre sur ces comptes qui étaient normalement éphémères. C'était sur le réseau social Snapchat. On incitait à la collecte de telles informations.
"La spécificité du revenge porn, c'est que la captation est consentie. La victime est consentante sur la captation, mais pas sur la diffusion."
Sylvie Jonas, avocateà franceinfo
On risque jusqu’à deux ans de prison, 60 000 euros d'amende en cas de diffusion. Mais dans la réalité, est-ce qu'il y a beaucoup de poursuites judiciaires ?
Il y a beaucoup de plaintes. La diffusion est facile, remonter aux auteurs n’est pas toujours évident. Si on arrive à retrouver les auteurs, la procédure peut aller jusqu'au bout. Maintenant, c'est long. Nous ne sommes pas sur un temps de justice rapide actuellement. Pour Benjamin Griveaux, on est trois ans après les faits et pourtant, c'est Benjamin Griveaux. Le fait que la poursuite judiciaire soit longue, ce n'est pas lié à la honte de la victime. Le fait que la victime n'ose pas déposer plainte, là, oui, c'est lié à la honte. Dans ces cas-là, il y a des associations comme e-enfance qui ont beaucoup communiqué sur ces sujets. Il y a également un numéro vert pour les mineurs. Il ne faut pas hésiter à passer par ces intermédiaires pour être dirigé, repositionné dans sa qualité de victime et déposer plainte en souhaitant que ce soit poursuivi et qu'il y ait aussi cette réparation par la justice.
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