Rhône : un enfant dénonce des viols à répétition et des faits de harcèlement de la part d'un autre enfant de son école
Les parents d'un enfant scolarisé dans l'école privée "Les Marronniers" de Condrieu (Rhône) ont déposé trois plaintes pour des faits de viols, de harcèlement et de menaces, a appris franceinfo auprès de l'avocat de la famille jeudi 5 janvier, Jean-Christophe Basson-Larbi, confirmant des informations d'Actu Lyon. Le garçon de 11 ans dénonce des viols à répétition d'un autre enfant de cette école et de harcèlement de la part de camarades de cette institution privée.
Deux premières plaintes ont été déposées le 26 octobre dernier pour des viols sur une période comprise entre avril 2021 et août 2022 et pour "harcèlement scolaire sans incapacité" entre septembre 2022 et le 26 octobre dernier. Les parents de Victor (prénom d'emprunt) ont ensuite déposé une troisième plainte fin décembre : une plainte contre X pour "violences aggravées" et "actes d'intimidation sur une victime à raison de sa plainte ou tentative de subornation de victime".
Les faits relatés se sont produits en dehors de l'école
Le garçon âgé de 10 ans à l'époque des faits affirme avoir été violé par un autre enfant de son école, Julien (prénom d'emprunt), à l'extérieur de l'établissement, au domicile de cet enfant suspecté d'être l'auteur de ces viols. Selon les plaintes qu'a pu consulter franceinfo, le 15 août dernier, alors que les parents de Victor sont invités à déjeuner chez les parents du jeune suspect, les deux garçons vont jouer dans la chambre de Julien.
En rentrant chez lui, la victime se plaint de douleur au niveau du sexe et finit par dire à son père que son copain lui a demandé de pratiquer des actes sexuels, des actes pour lesquels il n'était "pas consentant", comme il l'a rapporté à son frère. Les parents de Victor décrivent Julien comme un "petit garçon colérique et très agressif, c'est quelqu'un qui prend le dessus. (...) Au cours du repas le 15 août, j'ai remarqué qu'il était très porté sur la sexualité car il avait dit que, lorsqu'il était en vacances, il avait vu 'plein de jolies fesses'", se souvient la mère de la victime.
Par la suite, les parents de Victor apprennent que ces faits de viol se sont produits à au moins trois reprises, comme ils le relatent dans leur plainte. Le jeune garçon explique être depuis harcelé et subir des violences physiques par un groupe de trois garçons, dont Julien. Les parents de la victime décrivent leur enfant comme faisant preuve de "beaucoup d'empathie, très sensible, très généreux". Selon la sœur de Victor, les trois garçons suspectés d'avoir harcelé son frère "faisaient une danse de la joie lorsqu'il n'était pas là" à l'école.
Tentative d'intimidation de la part du père du suspect
Depuis le 8 décembre la victime refuse en effet de se rendre à l'école. Ce jour-là Victor, selon la plainte qu'a consulté franceinfo, fait face au père de Julien. L'homme s'est introduit dans l'école "où il a intimidé par le regard et agressé violemment verbalement" Victor "en l'invectivant et en le menaçant directement en hurlant" devant plusieurs témoins. Cela parce que l'après-midi même, Julien était convoqué à la gendarmerie pour s'expliquer des accusations de viol qui lui étaient reprochées. Les parents de Victor dénoncent une intimidation de la part du père de Julien. Cet homme a depuis interdiction d'entrer dans l'établissement scolaire.
Selon l'avocat des parents de Victor, Jean-Christophe Basson-Larbi, le garçon est sous traitement et suivi psychologique. Il "va très mal. Il a pris 8 kilos, fait des crises d'angoisse, et a très difficilement vécu les auditions et expertises", a précisé l'avocat. "Il ne comprend pas pourquoi il ne peut pas aller à l'école sans être harcelé, et l'agression du père l'a encore plus traumatisé".
"J’ai dit à papi que j'avais hâte d'aller au ciel"
Victor a de son côté relaté dans son carnet de bord, à plusieurs reprises, les actes qu'il a subis. Il raconte notamment ne pas avoir voulu se rendre au marché de Noël, de peur de croiser à nouveau le père de Julien, sa peur d'aller à l'école. "Quand je me lève, j'ai peur d'aller à l'école, j'ai la boule au ventre jusqu'au soir", écrit-il. Il raconte aussi le fait que pendant les récréations "tout le monde me rejette". Le lendemain, le 25 novembre il écrit ces mots : "J’ai dit à papi que j'avais hâte d'aller au ciel". Et puis, il conclut par cette phrase, "j'ai été au médecin (sic), ça a été dur, mais j'ai réussi".
L'avocat de ses parents dénonce l'attitude de l'école privée qui, selon lui, "n'a pas réagi de façon appropriée" et n'a pas pris de sanction. Dans un communiqué qu'a pu lire franceinfo, l'école "Les Marronniers" indique que "les faits supposés et présentés sont extérieurs à l'établissement et font l'objet d'enquêtes judiciaires, qui ne nous mettent pas en cause". L'institution précise également que "depuis début septembre, et en coordination avec la direction de l'enseignement catholique de Lyon, tout est fait de notre côté pour qu'il n'y ait pas d'impact sur la vie de l'établissement et pour garantir le bien-être de nos élèves".
La procureure de Vienne, Audrey Quey, confirme ce jeudi à franceinfo l'ouverture initiale de deux enquêtes, l'une pour viol et l'autre pour harcèlement scolaire. Une troisième procédure a été ouverte le 29 décembre "en suite de possibles menaces ou actes d'intimidation de la famille de l'un des auteurs sur la famille de la victime". La magistrate dit ne pas vouloir communiquer davantage sur ces affaires.
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