Témoignage "L'imprescriptibilité, c'est la société qui reconnaît qu'il n'y a plus d'impunité" : une victime d'inceste salue les recommandations finales de la Ciivise

La Ciivise propose dans son rapport final de rendre imprescriptibles les violences sexuelles commises sur les enfants.
Article rédigé par Margaux Stive
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une réunion publique de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) au Palais de la Femme à Paris, en septembre 2022. (JULIEN DE ROSA / AFP)

"Pendant plus de vingt ans, c'était d'abord un sentiment extrêmement violent de honte, de culpabilité et un enfermement, un repli complet." À 8 ans et demi, Jérôme est victime d'inceste de la part de son père. Les viols vont durer deux ans. Et il n'est pas le seul : un enfant est victime de violences sexuelles toutes les trois minutes en France.

Presque trois ans après sa création, la Ciivise, la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants publie vendredi 17 novembre son rapport final et formule 82 préconisations pour mieux repérer et accompagner les victimes, mais aussi pour améliorer le traitement judiciaire de ces affaires. Avec une recommandation phare : rendre imprescriptible les violences sexuelles sur mineurs, au même titre que les crimes contre l'humanité.

Jérôme se souvient de ce silence qui l'a écrasé pendant longtemps. "Je n'ai pas pu parler avant d'avoir une trentaine d'années", raconte-t-il. Et quand il parvient à déposer plainte, à 31 ans, son père passe aux aveux devant les enquêteurs. Mais les faits sont prescrits, et c'est un couperet d'une grande violence pour Jérôme. Alors, rendre imprescriptibles les crimes sexuels sur les enfants, il y est favorable. Ce serait un message fort envoyé aux victimes mais aussi aux agresseurs. "L'imprescriptibilité, c'est la société qui reconnaît et veut accompagner les victimes, estime Jérôme, mais elle veut aussi reconnaître et juger les coupables et que désormais, il n'y a plus d'impunité."

"Pour arrêter certains processus, il faut que les agresseurs aient peur, il faut qu'ils sachent qu'à tout âge de leur existence, ils pourront devoir rendre compte."

Jérôme, victime d'inceste

à franceinfo

Mais changer la loi n'est pas tout, précise Jérôme. Il faut aussi, dit-il, mieux protéger les victimes et leur offrir des soins adaptés. C'est ce que lui notamment apporté la Ciivise, "un espace de parole qui m'a donné ce que la justice m'a refusé".


Si vous êtes un enfant en danger, si vous êtes une personne témoin ou soupçonnant des violences sexuelles faites à un enfant ou si vous souhaitez demander conseil, il existe un numéro national d'accueil téléphonique pour l'enfance en danger : le 119, ouvert 24h/24 et 7j/7. L'appel est gratuit et le numéro n'est pas visible sur les factures de téléphone.
Il est aussi possible d'envoyer un message écrit au 119 via le formulaire à remplir en ligne ou d'entrer en relation via un tchat en ligne : allo119.gouv.fr. Pour les personnes sourdes et malentendantes, un dispositif spécifique est disponible sur le site.

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