: Document franceinfo "Ça s'est passé l'été de mes 12 ans" : la lettre ouverte de Lilou, qui accuse son grand-père de viols et se bat pour être entendue par la justice
Alors que la Ciivise, la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux mineurs, dresse jeudi 21 septembre le bilan de ses deux ans d'existence, avec plus de 27 000 témoignages reçus, franceinfo a recueilli celui d'une jeune fille qui accuse son grand-père de viols. Mais depuis sa plainte déposée il y a trois ans, à l'âge de 15 ans, elle a le sentiment que ses accusations d'inceste n'ont pas été prises au sérieux.
Celui que Lilou accuse de viols, c'est son grand-père paternel, un chef d'entreprise de la région de Besançon. "Ça s'est passé l'été de mes 12 ans, quand on partait en vacances ou à son domicile. Il faisait toujours ça caché des yeux de ma grand-mère", raconte la jeune fille âgée aujourd'hui de 18 ans. Si elle décide de parler, c'est "aussi pour qu'il ne fasse pas la même chose à ma petite sœur et ma cousine", explique-t-elle à franceinfo.
Après trois ans de procédure, Lilou estime que la justice ne l'a pas écoutée. Elle a décidé d'écrire une lettre ouverte pour dénoncer sa situation. Une lettre que publie aujourd'hui franceinfo.
Entendu en garde à vue, le grand-père de Lilou explique que sa petite-fille a été manipulée par ses parents, pour obtenir de l'argent, sur fond de conflit familial. Un conflit familial entre le grand-père et le père de Lilou qui fragilise les accusations de Lilou, selon le parquet. De leur côté, les parents assurent qu’il n’y avait pas de conflit, puisqu’ils ont laissé Lilou partir en vacances chez son grand-père, et que le vrai conflit est né suite aux révélations de Lilou.
Un non-lieu requis par le parquet de Besançon
Placé sous le statut de témoin assisté, le grand-père de Lilou attend maintenant de savoir si le non-lieu requis par le parquet de Besançon sera suivi par le juge d'instruction. Une situation incompréhensible pour les avocats de Lilou, Didier Seban et Marine Allali. "Lilou vient nous raconter des faits extrêmement graves, il y a un conflit dans la famille, et on ne peut pas savoir la vérité et on s'arrête-là. S'arrêter à dire 'c'est parole contre parole", c'est trop facile et ça évite aux enquêteurs et aux magistrats de voir leur responsabilité dans ces non-lieux", déplore Marine Allali. Avant d'ajouter : "Il y a dans ce dossier des charges suffisantes pour mettre en examen le mis en cause, et en poursuivant les investigations, le renvoyer devant une cour d’assises."
Tous les deux estiment que dans cette affaire, l’enquête a été bâclée dès le début. Marine Allali souligne qu’un seul enquêteur a mené toutes les auditions, qu’il n’a entendu le grand-père en garde à vue qu’à une seule reprise, en dehors de la confrontation avec sa petite-fille. Elle demande donc, dans le cadre de ses observations suite au réquisitoire définitif de non-lieu, que les investigations reprennent avec un nouvel enquêteur.
"Quand notre fille nous l’a dit, on l’a tout de suite crue et on se battra jusqu’au bout avec elle."
Patriciaà franceinfo
En mars dernier, les parents de Lilou se sont rendus à une réunion publique de la Ciivise à Dijon. " On y est allé pour témoigner en tant que parents de la victime. On a même été surpris, parce qu’à la fin, on a été applaudi et les gens sont venus nous voir en nous disant 'on aurait voulu avoir des parents qui nous croient et qui nous soutiennent !'", raconte Patricia, sa maman. "Quand notre fille nous l’a dit, on l’a tout de suite crue et on se battra jusqu’au bout avec elle."
De son côté, le nouvel avocat du grand-père de Lilou, maître Frédéric Berna, se dit " scandalisé par le fait que la presse soit instrumentalisée par la partie civile", qui a décidé de sortir du silence. La juge qui a instruit le dossier a désormais quitté la juridiction de Besançon. Un nouveau juge d’instruction doit donc reprendre et relire le dossier, avant de se prononcer suite au réquisitoire définitif de non-lieu pris au mois de juillet par le procureur de Besançon.
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