Témoignage Le changement de nom de la Fondation est "important", car "ça veut dire qu'ils nous ont entendues", témoigne une victime de l'abbé Pierre

L'abbé Pierre est visé par 17 nouveaux témoignages de violences sexuelles. Une des victimes témoigne sur franceinfo.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une affiche placardée avec le visage de l'abbé Pierre (image d'illustration) (JEAN-PIERRE BALFIN / MAXPPP)

"Même s'il n'est plus là, l'impunité se lève petit à petit", salue ce samedi 7 septembre auprès de franceinfo une infirmière, accusant l'abbé Pierre d'agression sexuelle. Déjà accusé par sept personnes, l'abbé Pierre a été visé par 17 nouveaux témoignages de violences sexuelles, vendredi 6 septembre, selon un rapport du cabinet spécialisé Egaé. Après ces nouvelles révélations, la Fondation Abbé Pierre a annoncé vouloir changer de nom et fermer le lieu de mémoire dédié au religieux à Esteville (Seine-Maritime). Le changement de nom est "important", car "ça veut dire qu'ils nous ont entendues", explique la soignante âgée aujourd'hui d'une cinquantaine d'années. Elle avait accepté de témoigner auprès de Radio France au mois de juillet.

"Il s'est levé, il a marché. Et il m'a agrippé les deux seins. Je l'ai giflé"

En 2006, alors qu'elle travaillait dans un hôpital militaire francilien, l'abbé Pierre avait été pris en charge dans son service. Il était âgé de 93 ans. Elle avait révélé que c'est en accompagnant le religieux à sa toilette qu'elle avait été agressée. "Il s'est levé, il a marché. Et il m'a agrippé les deux seins. Je l'ai giflé", raconte la quadragénaire. "Il m'a dit qu'il était vieux, qu'il était fatigué, qu'il avait besoin de se tenir", ajoute la victime.

Maintenant que 24 femmes accusent l'abbé Pierre, elle se dit "sidérée par l'ampleur que ça prend". "Je suis soulagée, plutôt sereine, mais en même temps horrifiée par tout ce que j'entends, par la somme de témoignages, par le nombre de personnes, par l'ampleur que toute cette histoire a eu et prend aujourd'hui." "Comment il a pu agir en toute impunité", se demande-t-elle. "Il y a des femmes qui ont été violées", se désole-t-elle. "Moi, je l'ai rencontré sur la fin de sa vie, il n'avait peut-être pas cette force, aussi bien psychologique que physique, mais je me dis qu'il y a des femmes qui ont vécu bien pire."

Après 17 ans, je pensais que c'était terminé. Mais je me rends compte que j'ai encore la chair de poule, des sanglots dans la voix quand j'en parle, et je pense que oui, j'ai besoin de ça."

l'infirmière

à franceinfo

"J'ai décidé de rencontrer la Fondation qui a souhaité rencontrer les victimes", annonce l'infirmière qui affirme également avoir vu une psychologue.

"Quand je vois que d'autres femmes témoignent, je me dis que si j'ai pu participer un tant soit peu à la libération de la parole, c'est tant mieux", termine-t-elle. "Rien que ça, c'est une victoire, car c'est pour dire à nos jeunes filles qu'elles sont fortes et qu'elles peuvent en parler".

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