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"Ligue du LOL" : "Ce n'est pas un licenciement ou deux qui vont effacer l'ardoise de façon magique"

Le journal "Libération" s'est séparé de deux journalistes, membres du groupe "Ligue du LOL". Mais la nouvelle n'a pas été vécue comme une victoire pour les victimes de harcèlement.

Article rédigé par Benjamin Mathieu - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le journal "Libération" s'est séparé de deux journalistes qui étaient membres du groupe "Ligue du LOL". (ETIENNE LAURENT / EPA)

"Il n'y a pas eu de cri de joie", raconte Thomas Messias, journaliste pigiste et harcelé par la "Ligue du LOL", après l'annonce de Libération de se séparer de deux journalistes membres de ce groupe. Le journal a signalé, lundi 4 mars, le licenciement d'Alexandre Hervaud, rédacteur en chef adjoint de son site internet. Le quotidien a également décidé de se séparer de Vincent Glad, fondateur de "La Ligue du LOL", qui avait le statut de pigiste.

Mais la nouvelle n'a pas été vécue comme une victoire par leurs victimes : "Même à l'écrit, il n'y a pas eu de points d'exclamation. On a échangé cette info et puis tout le monde était un petit peu comme moi, finalement presque un peu plus abattu", confie Thomas Messias.

On a vécu des périodes très difficiles, ma femme est tombée en dépression à plusieurs reprises, tout ça ne s'efface pas d'un coup d'éponge.

Thomas Messias

à franceinfo

Sa compagne, la journaliste Lucile Bellan, a également été cible de harcèlement. Tous deux en subissent encore aujourd'hui les conséquences : "Il y a des très mauvais souvenirs du passé qui ressurgissent. Ce n'est pas un licenciement ou deux qui vont effacer l'ardoise de façon magique."

Des conséquences sur le long terme

Malgré ces licenciements, les conséquences pour les journalistes victimes sont extrêmement préjudiciables pour leur carrière. "C'est un impact qui va persister", explique Aude Lorriaux, journaliste et porte-parole de l'association Prenons la une, qui lutte pour la juste représentation des femmes dans les médias. "Des années après, des victimes de cyberharcèlement, lorsque le souvenir leur revient, ont les mains qui tremblent, une respiration accélérée. Ces conséquences physiques altèrent le travail des femmes journalistes, elles ont des répercussions dans leur carrière, aussi parce qu'elles ont été décrédibilisées."

Leurs compétences ont été remises en question par les harceleurs, ça provoque une perte de confiance en soi.

Aude Lorriaux

à franceinfo

Selon Aude Lorriaux, "il y a des femmes qui ont quitté Twitter à cause de ça et c'est une déconnexion qui est préjudiciable à leur carrière. On est exclu de certaines rédactions."

Contacté, Alexandre Hervaud, n’a pas souhaité répondre aux questions de franceinfo, compte tenu des futures négociations qui s’annoncent avec le journal Libération, concernant les conditions de son départ.

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