Dordogne : la justice ordonne à la préfecture de trouver un hébergement d’urgence à une migrante et ses deux enfants
La justice a ordonné lundi 18 décembre à la préfecture de la Dordogne de trouver un hébergement d'urgence à une femme migrante à la rue avec ses deux enfants, a appris France Bleu Périgord. Le juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux a donné raison à Amnesty International. La préfecture de Dordogne a été condamnée à trouver un hébergement d’urgence dans les 24 heures à cette famille. Amnesty International salue "une belle victoire en justice".
Selon l'antenne de l'ONG dans le Périgord, cette mère originaire de la République démocratique du Congo se trouvait sans logement depuis le 27 novembre. Elle dormait dans la rue avec ses deux enfants âgés de 6 ans et de 15 mois, la plus jeune étant atteinte d'une maladie rare et héréditaire nécessitant un suivi à l'hôpital. "Il fait −3, −4°C en ce moment, on ne peut pas laisser un enfant de 15 mois dans la rue, ce n’est pas possible, humainement, c’est de la barbarie !", s'insurge Lionel Pascal, responsable juridique d'Amnesty International à Périgueux, sur France Bleu Périgord.
Les migrants ont aussi des droits, ce sont des êtres humains comme vous et moi, il faut les traiter comme des êtres humains.
Lionel Pascal, Amnestysur France Bleu Périgord
Amnesty a donc saisi la justice. "Je ne comprends pas que dans un pays démocratique, un Etat comme la France, un fonctionnaire de ce niveau-là ne réagisse pas pour essayer de protéger les enfants, ça me paraît être le minimum, donc c’est logique qu’il soit sanctionné par la justice", estime Lionel Pascal.
"La préfecture ne répond jamais"
Selon Me Samy Djemaoun, avocat de la mère et de ses deux enfants, "la préfecture [de Dordogne] n'a donné aucun motif de son refus, y compris lors de l'audience". Lionel Pascal reproche aussi à la préfecture de ne jamais répondre quand l'ONG la saisit. "La préfecture est notre interlocuteur privilégié, explique-t-il, et nous lui écrivons régulièrement. Nous avons toujours un silence total, la préfecture ne répond jamais, quelle que soit la situation."
Dans un communiqué consulté par France Bleu Périgord, la préfecture de la Dordogne dit "prendre acte de la décision du juge des référés, et qu'un hébergement d'urgence leur a été proposé ce jour via le 115". Elle rappelle également que "madame L. avait vu sa demande d'asile déboutée en 2022, et qu'elle avait été accueillie dans un centre d'hébergement jusqu'au 27 novembre. La structure avait mis fin à l'hébergement après de nombreux manquements au règlement intérieur et plusieurs avertissements pour des faits d'agressivité envers d'autres familles résidant dans la structure d'hébergement d'urgence."
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