Reportage Loi immigration : à Brignoles, dans le Var, les électeurs de Marine Le Pen souhaitent qu'"on aide le Français de base avant d'aider les étrangers"

Après des tractations politiques houleuses et son adoption au Parlement il y a un mois, la loi immigration doit passer le filtre du Conseil constitutionnel qui rendra publique sa décision jeudi 25 janvier. Plusieurs mesures pourraient être retoquées par les sages. Le texte prévoit notamment de durcir l'accès aux prestations sociales pour les étrangers et de mettre fin à l'automaticité du droit du sol. Ce texte a bénéficié des votes du Rassemblement national de Marine Le Pen qui avait revendiqué "une victoire idéologique". La ville de Brignoles, avec ses 18 000 habitants, avait très largement voté pour Marine Le Pen à la dernière présidentielle (59% contre 41% pour Macron).

Cette ville du Var est située dans un ancien bassin minier. Romuald tient un restaurant dans le petit centre-ville avec ses ruelles pavées. À 50 ans, il n'a voté qu'une seule fois dans sa vie et c'était pour Marine Le Pen. La loi immigration, il n'en sait pas grand-chose mais il est pour durcir l'accès aux aides, et notamment aux Aides personnalisés au logement (APL) pour les étrangers. "J'aimerais qu'on aide autant le Français de base avant d'aider directement les étrangers, lâche Romuald. Qu'on ne laisse pas non plus tomber les gens qui essayent de s'en sortir, je comprends, mais il faudrait être un peu plus sévère sur les aides et faire attention qui on aide ou pas. Aujourd'hui, je pense que la France à un gros problème à ce niveau-là."

"S'il voit autant de Français qui votent pour Le Pen c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas"

"On donne trop et en fait, le Français de base n'a rien, estime Nawel, 30 ans, salariée du même restaurant. On est une terre d'accueil, mais on ne peut pas ouvrir et accueillir tout le monde parce que l'on ne peut pas." La jeune femme aussi a voté Marine Le Pen dans la course à l'Elysée, pour elle avec cette loi immigration, Emmanuel Macron fait un "tout petit pas" dans le bon sens.

"C'est bien qu'il calque un peu mais ce n'est pas Macron qui va changer quelque chose. C'est vraiment Marine, c'est elle qui va faire un petit peu le ménage."

Nawel, 30 ans

à franceinfo

Dans la rue d'à côté, une autre électrice du même bord. Isabelle qui préfère taire le nom de son commerce avant de parler de la loi immigration. Elle non plus ne connaît pas les mesures dans le détail mais salut un durcissement. Elle évoque des problèmes d'incivilités, de propreté et espère une prise de conscience du président : "J'aimerais bien qu'il ait un peu compris. S'il voit autant de Français qui votent pour Le Pen c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas."

Mais pour Stéphanie, une nounou qui promène un nourrisson dans sa poussette, peu importe les mesures de la loi immigration ce n'est qu'une stratégie électorale dans un monde politique qui ressemble de plus en plus à une série Netflix. "J'ai l'impression qu'il n'y a pas de réelle conviction, déplore Stéphanie. J'ai plus l'impression qu'on tire la couverture pour des histoires politiques et de vote. Je pense qu'on a besoin de gens qui ont réellement des idéaux et un projet, plus que des politiques qui font de la politique pour tirer sur l'autre."

Cette quinquagénaire avait hésité à voter Marine Le Pen à la dernière présidentielle avant de s'abstenir car elle est agacée par les politiques qui "jouent sur les peurs" : voilà des années maintenant qu'elle ne vote plus.