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IVG dans la Constitution : pour les militantes féministes, un "droit" plus qu'une "liberté"

Emmanuel Macron veut garantir "la liberté des femmes à recourir à l'interruption volontaire de grossesse".
Article rédigé par franceinfo - Léo Tescher
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Manifestation pour le droit à l'avortement à Paris, le 2 juillet 2022 (LAURIANE DELANOË/RADIO FRANCE)

Emmanuel Macron a annoncé mercredi 8 mars 2023, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, sa volonté que l'IGV soit inscrite dans la Constitution. "Nous les féministes, on s'en réjouit énormément parce que les droits ne sont jamais acquis", réagit à chaud Claire Charlès, du collectif Les Effrontées, qui a notamment pour objet de "promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes."  Elle est dans le cortège parisien qui défile entre République et Nation, pour la journée internationale des droits des femmes, alors qu'au même moment, Emmanuel Macron rend un hommage national à l'avocate féministe Gisèle Halimi. Et quand Claire Charlès entend qu'Emmanuel Macron prononce les mots "avortement" et "Constitution", c'est pour elle une bonne nouvelle. "Mais maintenant, c'est évident que ça ne va pas suffire parce qu'aujourd'hui, l'accès à l'IVG est tellement restreint qu'on se retrouve avec des femmes qui vont avorter hors délai", nuance-t-elle.

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Dans le cortège, en apprenant les propos du président de la République, les militantes féministes se rendent compte qu'Emmanuel Macron ne parle pas de "garantir le droit à l'avortement", mais seulement de "la liberté des femmes à recourir à l'interruption volontaire de grossesse pour assurer solennellement que rien ne pourra entraver ou défaire ce qui sera irréversible".

"On ne joue pas sur les mots"

"Ce n'est pas ce qu'on voulait, ça n'a aucun intérêt, la loi existe", tempête Danielle Gaudry, une militante historique du mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception dans les années 70. Elle est formelle, "il faut que la Constitution garantisse le droit, on ne joue pas sur les mots. Un changement politique peut complètement, comme on l'a vu aux Etats-Unis, changer la loi", met-elle en garde.

Claudine Monteil, historienne, était une proche de Simone de Beauvoir. Elle avait 21 ans quand elle a signé le Manifeste des 343 femmes qui appelaient en 1971 à la légalisation de l'avortement. Pour elle, "il faut absolument inscrire ce projet, ce 'droit' à l'IVG ou cette 'liberté' dans la Constitution", réagit-elle sur franceinfo, jeudi. Mais si elle estime que "le mot 'droit' est beaucoup plus approprié que le mot liberté", Claudine Monteil se veut pragmatique : "Si le mot 'liberté' peut donner la possibilité que le projet soit adopté, alors il faut y aller."

Pour beaucoup de militantes féministes, l'IVG est donc menacée et même aujourd'hui, pas tout à fait appliquée en France, selon Sonia Bisch du collectif StopVOG (Stop violences obstétricales et gynécologiques). "En fait, on se rend compte qu'il y a beaucoup de médecins qui ne respectent pas la loi et qu'il y a beaucoup de femmes qui ont du mal, en France, en 2023, à accéder à l'IVG. Et ça, ce n'est pas normal." StopVOG reçoit 200 signalements de violences obstétricales et gynécologiques par mois, dont une bonne partie pendant des interruptions volontaires de grossesse.

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