"Notre pays a changé" : en Corée du Sud, l'avortement ne sera bientôt plus considéré comme un crime
La plus haute juridiction sud-coréenne a jugé jeudi l'interdiction de l'avortement contraire à la Constitution et ordonné la modification d'ici à la fin de l'année prochaine de la loi.
Réunis devant la Cour Constitutionnelle, les militants pro et anti-avortement se font face et crient leurs slogans. Quand les juges, par sept voix contre deux, annoncent que l’interdiction de l'avortement est "contraire à la Constitution", jeudi 11 avril, les associations féministes explosent de joie : "Je suis vraiment heureuse d’avoir enfin le droit de décider de ce que je fais de mon corps", réagit Ji-ae, une militante coréenne.
Une victoire historique : la criminalisation de l’avortement est mise en place depuis 1953. La Corée du Sud est l’un des derniers pays dit "développés" à bannir l’interruption volontaire de grossesse, sauf pour des cas exceptionnels tels que des viols. La loi actuelle prévoit des peines d’un an de prison pour les femmes qui décident d’interrompre leur grossesse, et de deux ans pour les docteurs qui pratiquent l’opération.
"C’est le résultat d’années de luttes militantes"
Dans le pays, 75% des femmes exigeaient que la loi change : elles ont été entendues. "Beaucoup pensaient que la Corée est si conservatrice que cette [interdiction de l’avortement] durerait toujours", ajoute Ji-ae. "Mais les Coréennes ont changé, et notre pays a changé."
Nous assistons à la montée en puissance d’une révolte féministe.
Ji-ae, militanteà franceinfo
Pour Park A-reum, une autre militante, cette décision, "c’est le résultat d’années de luttes militantes. La Cour s’est aussi prononcée sur les questions d’égalité dans la société et des droits des femmes en général, c’est pourquoi sa décision est si significative."
Les avortements clandestins sont en fait courants en Corée, mais comme ils sont illégaux, les femmes peuvent être dénoncées, victimes de chantage, et elles ne sont pas protégées en cas d’erreur médicale.
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