Affaire Seznec : "Il y a encore beaucoup de consciences troublées par cette affaire", selon l'ancien avocat de la famille
Denis Langlois, l'ex-avocat de la famille Seznec, est revenu, dimanche pour franceinfo, sur la découverte d'un os dans la maison de Guillaume Seznec à Morlaix (Finistère) et qui pourrait appartenir à Pierre Quéméneur disparu en 1924.
L'affaire Seznec, qui date d'il y a presque cent ans, trouble encore "beaucoup les consciences", a estimé, dimanche 25 février sur franceinfo, Denis Langlois. L'ancien avocat de la famille est revenu sur la découverte d'un os, samedi, lors d'une fouille privée dans l'ancienne maison de Guillaume Seznec à Morlaix (Finistère). L'ex-bagnard a été condamné pour le meurtre de Pierre Quéméneur, un conseiller général du Finistère, qui avait disparu en 1924. Guillaume Seznec a toujours nié les faits. L'os retrouvé dans le cellier pourrait être une tête de fémur humain d'après le procureur de Brest qui s'est rendu sur place, samedi.
franceinfo : Pourquoi avoir demandé de nouvelles fouilles ?
Denis Langlois : J'ai révélé dans ce livre le témoignage d'un enfant de Guillaume Seznec, qu'on appelait "petit Guillaume" pour le différencier de son père. Il disait que lorsqu'il avait 11 ans, il avait vu le cadavre de Quéméneur dans la salle à manger familiale de la maison de Morlaix et il supposait que sa mère, victime d'une sorte d'agression sexuelle de la part de Quéméneur, s'était défendue et avait frappé avec un chandelier Quéméneur qui était mort. Et il disait que ses parents avaient enterré le cadavre de Quéméneur dans un cellier en dehors de la maison.
Nous avons hier [samedi] effectué des fouilles privées puisque les autorités judiciaires avaient refusé à plusieurs reprises d'effectuer des fouilles officielles. Et donc dans le cellier décrit par "petit Guillaume" nous avons trouvé ce qui ressemble à une tête de fémur. Le procureur est venu et je pense qu'il s'agit d'un ossement humain. Et bien sûr nous en saurons beaucoup plus puisque les fouilles reprennent de façon officielle aujourd'hui [dimanche], et tous ceux qui ont participé, souhaitent qu'on découvre d'autres ossements et éventuellement des objets concernant l'affaire Seznec.
Il y a eu neuf demandes de révision à cette condamnation, qui ont toujours été rejetées. Comptez-vous en poser une dixième ?
Je crois qu'il ne sera pas nécessaire de déposer une demande en révision. Je crois que les autorités judiciaires qui en ont la possibilité vont ouvrir une procédure en révision. Mais il y a un descendant de la famille Seznec qui a demandé officiellement des fouilles et qui a vu le procureur de Brest et de Rennes refuser.
Nous souhaitons donc qu'il y ait des fouilles qui se révèlent positives et que la justice ouvre une procédure en révision pour d'abord s'approcher de la vérité et pour parvenir à une révision équitable
Denis Langlois
ancien avocat de la famille Seznecà franceinfo
C'est-à-dire une révision qui reviendrait sur le jugement rendu en 1924. Elle confirmerait la condamnation de Seznec pour faux en écriture, parce qu'il est évident qu'il a participé à ces faux. Mais, une révision qui considèrerait qu'il n'est pas un assassin, qu'il n'y a pas suffisamment d'éléments pour considérer que la condamnation pour meurtre est justifiée. Ce serait donc une reconnaissance d'une semi-innocence de Seznec, ce qui serait beaucoup dans une affaire qui remonte à un siècle.
Pourquoi insister alors près de 100 ans après ?
J'ai été pendant 14 ans l'avocat de la famille Seznec, je me préoccupe de cette affaire depuis une quarantaine d'années. Il y a encore beaucoup de consciences troublées par cette affaire notamment en Bretagne. Je pense qu'il est important de s'approcher de la vérité et de clore l'affaire par une décision judiciaire équitable, qui corresponde à cette vérité.
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