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Entre la fermeté et la prévention, la sécurité est "un enjeu" pour François Hollande

Bandes, délinquances, récidivistes. "Je veux faire de la sécurité des Français un thème de cette campagne", a dit, lundi 6 février, François Hollande en exposant ses propositions en la matière - "prévention-sanction" - lors d'un déplacement à Dijon.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
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François Hollande à Dijon (6 février 2012) (PM)

Bandes, délinquances, récidivistes. "Je veux faire de la sécurité des Français un thème de cette campagne", a dit, lundi 6 février, François Hollande en exposant ses propositions en la matière - "prévention-sanction" - lors d'un déplacement à Dijon.

Dijon, envoyé spécial - François Hollande a évoqué des aspects de son programme sur la sécurité et la justice au cours d'un déplacement à Dijon, lundi 6 février, en compagnie de François Rebsamen, maire de la ville et responsable des questions de sécurité dans sa campagne.

Le candidat socialiste a résumé son approche de la sécurité en quatre mots : "prévention, dissuasion, sanctions et réparations".

M. Hollande a insisté au cours de ce déplacement sur l'importance de la prévention mais n'a pas hésité à prononcer les mots comme "bandes", "délinquance, récidivistes" ou "répression".

130 000 peines non appliquées

Avant de présenter ses propositions, il a fait un bilan de la politique du gouvernement dans ce domaine. Pour M. Hollande "trois chiffres" résument cette politique.

"Les violences aux personnes ont augmenté de 20% en dix ans. Un niveau record jamais atteint auparavant", a-t-il affirmé. Le candidat socialiste a aussi cité les "130 000 peines non appliquées", selon lui, dénonçant le fait que "la justice prononce des peines qui ne se traduisent pas" dans les faits.

Enfin, il a évoqué la suppression de 10 000 postes dans la police et dans la gendarmerie depuis 2007. "Allez comprendre" a lancé le candidat en rappelant que Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, avait créé ces 10 000 postes avant de "les supprimer comme président". Ces suppressions ont des "conséquences sur la protection des citoyens", a-t-il ajouté.

700 jeunes dans les prisons

Dans son approche de la sécurité, M. Hollande a insisté sur la notion de prévention. Dans la matinée, il avait assisté à une réunion entre acteurs de la protection de la jeunesse. "Mieux vaut remettre un jeune dans l'accomplissement de lui même que dans la destruction de lui même et de son entourage", avait souligné M. Hollande.

Il a noté que, chaque année, 40 000 jeunes font l'objet d'une mesure judiciaire, dont 4 000 sont placés dans un centre ouvert ou fermé et même en prison pour 700 d'entre eux.

Le député de la Corrèze a insisté sur la nécessité d'instaurer "une différenciation de la réponse" et sur le besoin de renforcer la "chaîne de l'accueil", en proposant notamment un doublement du nombre de centres éducatifs fermés.

Des zones de sécurité prioritaires

Côté dissuasion, M. Hollande s'est prononcé pour la création de "zones de sécurité prioritaires". Ces zones recouvriraient, selon le candidat socialiste, des "quartiers déjà identifiés par les politiques de la ville". "Il y a des quartiers plus touchés que d'autres. Nous avons besoin sur ces quartiers d'effectifs de police renforcés", a-t-il expliqué. Ces quartiers seraient au nombre d'une centaine.

Il a défendu aussi l'idée d'une "police de proximité". Cette police, créée par Lionel Jospin, avait été supprimé par M. Sarkozy à son arrivée au ministère de l'intérieur. "Tout le monde est revenu à l'idée qu'il faut mettre de la police au plus près", a estimé M. Hollande, en expliquant que le gouvernement avait lui même créé les "patrouilleurs".

Pour réaliser cette politique sécuritaire, le candidat a expliqué qu'il créerait 1000 postes dans la justice et la police-gendarmerie par an. Des postes, a-t-il rappelé, qui se feraient à "effectifs constants" pour la fonction publique d'Etat.

Sanctions rapides et appliquées

Troisième volet de sa politique sécuritaire : l'aspect "sanction". "Il faut mettre la justice en situation d'agir", a expliqué le candidat socialiste qui a souligné à plusieurs reprises le besoin de sanctions rapides et appliquées.

Enfin, il a insisté sur la nécessité d'"informer les victimes" et d'associer "les citoyens au travail de prévention", évoquant un besoin de "démocratie participative" dans ce domaine.

Le candidat socialiste a évoqué la coordination des administrations et des collectivités locales. Il a défendu l'idée de contrats locaux entre l'Etat et les agglomérations qui auraient pour vocation d'assurer la régularité, la persévérance et la continuité de la politique de sécurité.

Deux candidats sinon rien

Au cours de ce déplacement , M. Hollande bénéficiait d'une sécurité nettement renforcée -ce qui était prévue avant l'incident de la "farine", selon un de ses ange-gardiens. Une sécurité suffisamment bon enfant pour permettre à la centaine de journalistes qui l'accompagnait de l'approcher facilement.

Lors de points de presse improvisés, dont il est friand, il est revenu à plusieurs reprises sur les propos de Claude Guéant affirmant que "toutes les civilisations ne se valent pas". "Guéant ferait mieux de s'occuper de sécurité plutôt que des questions de civilisation !", a-t-il lancé aux journalistes .

Il a aussi parlé, à propos des déclarations du ministre de l'intérieur d'"outrances et bavardages", évoquant ceux qui font des "phrases et des polémiques".

La sécurité de M. Hollande ne l'a pas empêché, non plus, de saluer sur le quai de la gare de Dijon son ancien condisciple de l'ENA…un autre candidat à la présidentielle, Dominique de Villepin, venu lui aussi faire campagne dans la capitale de Bourgogne.

François Hollande et Villepin se croisent à Dijon (6 février) (AFP)

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